Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.7
- O toi, le meilleur des brâhmanas, laisse-moi maintenant te dire quels chefs très habiles commandent mon armée.
Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.8
- Ce sont des hommes de guerre renommés pour avoir, comme toi, obtenu la victoire dans tous leurs combats : Bhîshma, Karna, Kripa, Asvatthâman, Vikarna et Bhûrisravâ, le fils de Somadatta.
Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.9
- Et nombre d’autres héros, encore sont prêts à sacrifier leur vie pour moi, tous bien armés, tous maîtres dans l’art de la guerre.
N'oublions pas que la suite de ce dialogue est faite par Samjaya le cocher du roi aveugle Dhrtarastra et donc le mieux placé pour dire ce qui se trouve sur le champ de bataille, puisque c'est lui qui rapporte les faits à Dhrtarastra. Ceci pour situer l'importance et la justesse de ce qui est rapporté dans les versets qui servent d'étude à ce présent article.
En général, les commentaires sur la Bhagavad Gita se font sur les versets les plus parlants et les plus évocateurs, mais les versets comme ceux en exergues ne font l'objet que de très brefs et insignifiants commentaires. Or, sur le champ de bataille (celui de la traversée du jardin du Bien et du Mal, par l'âme-de-vie en incarnation) des armées vont s'affronter, celle du roi aveugle qui est sur le trône de la vertu, et celle des prétendants, plus ou moins légitimes, à ce trône de la vertu. Celui qui règne sur ce trône a donc des chefs militaires nécessairement en harmonie avec le principe royal qu'incarne le souverain. Comment pourrait-il en être autrement. La vertu si elle est singée par les imposteurs qui s'en travestissent, dans sa quintessence royale ne saurait être le moins du monde complaisante avec le vice qu'elle a pour vocation de combattre et de soumettre à sa suzeraineté. Si la noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant, la dignité de la fonction implique la pureté de la personne qui l'incarne.
Retenons que dès le début, la Bhagavad Gita, par des constructions narratives d'une intelligence infiniment subtile, pose les bases qui s'imposeront comme des lignes de conduite rigoureuses à ceux qui souhaiteront appartenir à l'armée du roi aveugle des Kurus. Celui qui incarne la vertu ne peut désigner comme chefs de ses armées que des individus habiles à comprendre les volontés du souverain, et tout aussi habiles à les transmettre à l'ensemble des membres des corps qui composent son armée. Le symbolisme de l'armée est ici encore une fois un choix d'une remarquable précision, car, l'homogénéité d'une armée (comme de tous groupes organisés) réside dans la clarté du commandement, la lisibilité de la stratégie, la cohérence de la hiérarchie, la confiance de chaque membre de cette armée en ses chefs et en son commandant suprême. Sa force et sa puissance résidant davantage dans l'adhésion et la conviction de la défense d'une cause juste et noble par chaque soldat, autant que sur la valeur et la maîtrise des armes des combattants pris individuellement ou collectivement. Cette armée sur le champ de bataille (dans sa version occulte et mystique) caractérise fort bien les rapports de la lutte individuelle de chaque âme-de-vie, qui ne pourra pas se soustraire, sous peine de manque d'élévation, à son appartenance à un groupe auquel elle devra finir par apporter ses modestes compétences pour les transcender dans le cadre d'un service collectif et anonyme.
Le verset 1,7 commence par une indication sur laquelle il me semble utile de fixer un peu notre attention et qui est : O toi, le meilleur des brâhmanas... Les brahmanas furent créés à partir de la bouche de la Personne Suprême, comme nous l'indique les Vedas, recueils qui ont pour objet de propager les connaissances spirituelles de la Vérité Absolue. Le rôle donc de ces Brahmanas est de diffuser la connaissance des Vedas de façon à propager les gloires de la Personne Suprême. Ils sont en outre pourvus de pouvoirs surnaturels dont l'exercice et la pratique ne peuvent se faire qu'en opposition avec la satisfaction de l'appareil sensoriel. Il convient donc de discerner dans cette subtile indication que le porte-parole du roi des Kurus non seulement s'adresse à un Brahmanas, mais en plus il le qualifie de meilleur. Si nous devions avoir la moindre hésitation pour distinguer le "Bien" du "Mal", le vice de la vertu, cette indication sur le meilleur des diffuseurs de la connaissance issue de la Personne Suprême, ne nous laisserait aucun doute quant à l'origine Providentielle de l'armée dont il est ici question.
Ce sont des hommes de guerre renommés pour avoir, comme toi, obtenu la victoire dans tous leurs combats... Voilà qui conforte et confirme ma précédente analyse. Ces hommes de guerre sont ces combattants qui ont pratiqué longuement et régulièrement l'exercice des vertus dont la première d'entre elles est sans conteste la faculté volitive, au point de parvenir à la renommée grâce aux victoires et combats remportés. Ces guerriers aguerris sont suffisamment honorables pour être renommés, ce qui ici doit évidemment s'entendre par connu des puissances spirituelles supérieures. Les combats qu'ils ont menés, et les victoires qu'ils ont remportées, ont une tonalité vibratoire si élevée qu'elle permet cet alignement avec les autorités suprêmes. Chacun de ces guerriers réputés, devient alors l'archétype d'un principe de vertu éprouvée tant sur le plan individuel que sur celui de cette faculté mise au service du groupe (corps d'armée).
Bhîsma est le vieux guerrier plein de sagesse qui fit l'éducation de Dhrtarastra et de Pandu.
Karna est le demi-frère d'Arjuna.
Kripa est le beau-frère de Drona.
Asvatthâman est le fils de Drona.
Vikarna est le troisième des cent fils de Dhrtarastra.
Il me semble qu'il convient d'entendre ce principe de filiation comme celui que nous retrouvons dans les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, et le tome II de la Véritable Histoire d'Adam et Eve enfin dévoilée, où j'indique que l'analogie en matière de filiation doit se concevoir non pas comme à l'identique de ce qui se pratique dans la sphère organique, mais comme la descendance qu'engendre l'association de deux forces ou de deux principes. C'est ainsi que l'engendrement du couple originel formé par Adam et Eve, ne doit pas se concevoir sous une forme biologique, mais uniquement spirituelle. Ceci permet de comprendre qu'il puisse y avoir une progéniture considérable sans pour autant sombrer dans les obligations incestueuses et consanguines comme l'imposerait le principe d'un seul père et d'une seule mère biologique à l'origine de l'humanité. La filiation de nos vaillants guerriers est donc une déclinaison des vertus s'équilibrant dans un combat spécifique qui lui confère un caractère original et des facultés propres. Ce que les stances de Dzyan appelleraient les fils de la nécessité.
Et nombre d’autres héros, encore sont prêts à sacrifier leur vie pour moi... Nous devons comprendre qu'il n'est pas possible ni raisonnable de passer en revue l'ensemble des guerriers de cette immense armée, ce qui serait fastidieux et parfaitement ennuyeux, de quoi décourager le meilleur des élèves. La Bhagavad Gita se contente de planter le décor, et de fonder des principes qui de par leur universalité, permettront aux plus attentifs et aux plus studieux de se mettre en harmonie vibratoire avec les Enseignements universels et intemporels qu'elle contient. Tous ces héros qui sont prêts à sacrifier leur vie, savent en vérité qu'ils ne feront que la gagner. Car ils savent que celui pour lequel ils combattent, et qui ne peut pas être autre chose que la Vertu Absolue, n'est que vie et jamais mort.
...tous bien armés, tous maîtres dans l’art de la guerre... Que peuvent craindre ces samouraïs dont la maîtrise de l'art de la guerre les fait chacun aussi redoutable qu'une armée entière ?... Ils sont bien armés de cette arme puissante qui seule est capable de terrasser tous les dragons de la création, et qui n’est pas Excalibur, même si ses tranchants sont acérés, mais une pensée juste en Vertus.
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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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