vendredi 28 mars 2008

Citations d’Eliphas Lévi



Citation d’Eliphas Lévi livre I : 8

La foi, et, par conséquent l’espérance et l’amour sont si libres que l’homme, loin de pouvoir les imposer aux autres, ne se les impose pas à soi-même.

Dans cette remarquable citation, notre bon Eliphas Lévi nous résume des principes fondamentaux qui concourent à l'alignement d'une pensée juste en vertus, dont la pratique est si difficile au quotidien, malgré la clarté et la simplicité de sa formulation. De ces principes fondamentaux (les causes) il est aisé d'en décliner les effets selon l'angle des vices ou des vertus, pour peu que l'on prenne la peine de s'y arrêter un instant et d'y approfondir sa méditation.

La foi est espérance, et quelle formidable espérance que celle qui consiste à ne pas croire que l'être humain est un début et une fin ; qu'il n'est rien de plus que ce qu'il ressent, et ce qu'il perçoit ; rien de plus que ce qu'il croit, ce qu'il sait ou qu'il croit savoir ; rien de plus qu'une brève histoire d'un temps fugace ; rien de plus qu'un noeud de conjonctions hasardeuses et éphémères. Rien de plus que ce que lui renvoie sa propre réalité pourtant si chimérique et dérisoire. Sortir de l'accablement de cette inéluctable désespérance en ayant foi d'être autre chose que l'enfant du hasard, implique nécessairement de tenter d'élargir sa vison intellectuelle, puis sa vision spirituelle, sur des réalités dont l'amplitude dépasse sur tous les plans celle de la nature d'une manifestation organique périssable. La foi sera une petite espérance lorsque la Conscience sera à peine supérieure à celle d'un ego qui occupera l'essentiel de ses préoccupations. Un peu celle du pauvre hère qui rêve à ce que sera sa vie lorsque le prochain tirage du Loto l'aura fait riche au-delà de ce qu'il serait capable d'obtenir par ses seuls mérites, talents et compétences. Espérance qui sera invariablement ruinée lors de la publication du tirage, mais qu'il s'efforcera de réactiver en jouant la semaine suivante. Cette espérance qui ne repose que sur des pensées si peu justes en vertus, sera davantage une drogue dure, qu'une panacée spirituelle, mais chacun se procure une espérance selon ses moyens. Au fur et à mesure que la Foi progresse dans son amplitude, elle engendre avec elle une espérance de même nature ; et la Foi qui progresse, le fait grâce à l'élévation constante du niveau de connaissances sur lequel elle s'adosse. Découvrir, par le biais de cette Foi, qu'il y a tant de choses qui nous entourent, desquelles nous dépendons constamment et de façon viscéralement vitale, et qui sont d'une durée, d'une puissance, d'une grandeur si considérables, que nous ne pouvons qu'être admiratifs et fascinés par elles. Cette découverte des choses supérieures à celles de la modeste condition humaine, ouvre les portes sur des capacités qui nous sont propres et qui dépassent tellement celle de la nature égotique de l'être humain, qu'elles obligent à reconsidérer cette identification qui nous fait nous confondre avec cet ego. Un peu comme si le marionnettiste, oubliant qui il est, se prenait pour la marionnette qu'il anime. La Foi qui s'élève, prend Conscience de sa véritable nature, ce dont elle peut et doit tirer une légitime satisfaction, ne serait-ce que par gratitude d'être le bénéficiaire d'un inestimable trésor, mais elle doit dans le même temps, activer cette noble vertu qu'est l'humilité, et qui seule lui permettra de ne pas sombrer dans l'orgueil, l'arrogance, la vanité, la suffisance et la présomption qui naîtraient en l'absence de cette vertu, ce qui limiterait rapidement l'extension de la Foi, et l'horizon de l'espérance.

... par conséquent l’espérance et l’amour sont si libres... La Foi qui est cette extraordinaire faculté qui permet de sortir de la prison de certitudes de la raison purement intellectuelle, est ce qui rend une plus ou moins grande liberté à la Conscience. Cette liberté, comme j'ai déjà eu l'occasion d’en traiter le sujet dans les articles précédents de l'académie d'Hermès Trismégiste, n'est pas une absence de loi, car dans ce cas, ce serait rapidement la liberté du plus fort, et en fin de compte une épouvantable dictature, le contraire de la liberté. La liberté n'est possible que parce qu'il y a des lois qui en permettent la pratique, et l'une des lois qui offre un horizon illimité à la liberté est justement la Foi. Comme le disent si bien les Tablettes de Thoth : connaître les lois c'est être libre.

L'amour, - qu'il convient ici de ne pas confondre avec la sordide émotion dont se gargarisent les romantiques benêts, et que les angéliques de pacotilles accommodent à toutes les sauces dans cette gargote de cul-de-basse-fosse qu'est l'incarnation terrestre -, est cette puissante loi qui fait que dans la Divine Création tout se donne, alors que dans le monde des cavernicoles velus, tout se vend, même ce qu'ils appellent pompeusement « l'amour ».

Foi, espérance, amour, liberté, nous voilà confrontés à des lois de natures différentes, mais qui s'harmonisent entre elles dans un subtil dosage, afin de parvenir à l'équilibre le plus juste qu'il soit possible. La liberté dont dispose chacun, implique qu'elle ne consiste pas à pouvoir contraindre les autres. Ici, je ne peux m'empêcher de penser à cette formule si pertinente de l'article 4, de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 :

La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.

Cette liberté est ce qui se résume pour la Conscience, à son libre arbitre. Libre arbitre qui ne s'active pas automatiquement, sinon il ne serait plus du domaine de la liberté, mais qui implique qu'il soit activé par la faculté volitive. Et pour que cette liberté soit une réalité effective, encore faut-il qu'elle permette de se traduire par des choix possibles, les fameux champs du possible auxquels nous sommes constamment confrontés. De là, nous pouvons en déduire que si l'amour est un don, sans qu'il y ait la moindre préoccupation d'un retour en échange (ce qui en ferait un commerce), alors ce don ne s'impose pas, mais se propose ; libre à chacun de s'en saisir ou de n'en rien faire, respect de libre arbitre oblige. Formidable espérance que cette Foi qui invite à prendre Conscience de sa liberté et des cadeaux que l'Amour de la Divine Création met à notre disposition. Mais aussi quelle terrible responsabilité implique sa pratique. Rien ne nous est imposé, seul ce que l'être humain s'impose devient la structure de sa Foi, de son espérance, de sa liberté et de l'Amour qu'il acceptera de recevoir. Il forge sa propre morale, et cette morale qu'il s'est librement choisie, à l'image des lois du Divin Créateur, s'impose constamment à lui. Cette morale qui sera forcément différente de celle des autres, ne peut donc pas s'imposer à autrui sous peine de violer la juste application des lois principes qui donnent les champs du possible à la liberté et au libre arbitre.

Dans cette très subtile citation de notre cher Eliphas Lévi, il nous est indiqué que l'homme n'a pas le pouvoir d'imposer la Foi, l'espérance et l'amour aux autres, et il constate qu'il est même incapable de se les imposer à lui-même. Si je poursuis un peu plus avant ma méditation sur ce sujet si vaste et si complexe, j'en arrive inéluctablement au fait que la liberté d'un individu, quelle que soit son espèce, ne dépend que de l'importance de sa morale dont les règles lui ouvriront un espace d'autant plus grand qu'elles seront alignées sur celles de la Divine Providence. Accessoirement, sur le plan pratique d'une humanité agissante, cela nous donnera des personnes qui se trouveront enfermées dans des règles morales dont la Foi et l'Amour (sens noble de ces termes) sont absents ; ou des personnes qui n'ayant aucun sens moral n'ont donc aucune liberté autre que celle qui consiste, pour eux, à croire que la liberté est plus grande sans morale. Cette illusoire liberté est celle de la loi du plus fort que j'ai déjà évoquée.

Il découle de la citation d'Eliphas Lévi, et de mes petits commentaires, que la Foi, l'espérance, la liberté et l'amour, seront d'autant plus vastes qu'ils seront perçus par une Conscience qui aligne ses pensées sur les vertus les plus justes en équilibres et harmonies.

Enfin, pour conclure provisoirement sur ce thème si riche, je rappelle que la morale individuelle est celle que l'on s'impose à soi-même et surtout pas aux autres, et que la morale qui s'impose à autrui est la morale collective, qui ne s'exprime que par la loi humaine, et dont elle n'est hélas bien trop souvent que le triste reflet.


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jeudi 20 mars 2008

La Bhagavad Gita.



Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.4

- Y vois-tu ces vaillants archers, qui au combat, égalent Bhîma et Arjuna ? Et combien d’autres grands guerriers, dont Yuyudhâna, Virâta et Drupada!

Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.5

- Dhrishtaketu, Chekitâna, Kâshîrâja, Purujit, Kuntibhoja, Shaibya, et tant d’autres encore, tous grands héros à la force remarquable!

Livre I, de la Bhagavad Gita, verset : 1.6

- Vois le remarquable Yudhâmanyu, le très puissant Uttamaujas, le fils de Subhadrâ et les fils de Draupadî. Tous sont de valeureux combattants sur le char.

Sur cet immense champ de bataille, qu'est celui où s'incarnent les Consciences dans la sphère temporelle, la Bhagavad Gita nous conte, au travers de ces luttes et de ces combattants, les épreuves que devront surmonter ceux qui parcourent ce jardin du Bien et du Mal, celui de l'épreuve des Connaissances.

Tous les combattants sont dignes de considération et d'intérêt, chacun possédant ses vertus en fonction des armes qui sont les siennes et du courage, de la volonté et de l'esprit de sacrifice qui animeront chacun de ces combattants. Les archers sont au combat aussi vaillant que Bhîma et Arjuna.

Bhîma qui est le Commandant en Chef de Yudhisthira, bien que Dhirstadyumna soit le titulaire de cette charge. Arjuna est l'ami de Krishna. Parmi les autres guerriers, nous trouvons Yuyudhâna qui n'est autre que le Cocher de Krishna, appelé aussi Sâtyaki. Virâta est le prince sur les terres duquel les Pâdavas vécurent quelque temps cachés.

Dhrishtaketu est le roi de Cedis. Chekitâna est un guerrier célèbre de l'armée des Pândavas. Purujit et Kuntibhoja sont frères, et sont parfois confondus. Shaibaya est le roi de la tribu des Sibi. L’expression : tous grands héros à la force remarquable, nous indique que chaque forme de Conscience qui se manifeste sur ce champ de bataille, possède les qualités et rangs correspondant à son développement karmique.

Dans le verset 1.6, il est indiqué, concernant les personnages cités, que ce sont tous de valeureux combattants sur le char. Dans toute la littérature bouddhiste et hindoue, le char est le symbole de l'enveloppe organique psychophysique. Les coursiers représentent les sens organiques, les rênes les liens qui unissent ces sens avec le Cocher (la volonté) qui lui, doit en être normalement le guide. Cette définition me fait inévitablement penser à la lame sept, le Chariot, du livre de Thoth (le Tarot), dont le hiéroglyphe représente un char tiré par deux sphinx de couleur différente (le vice et la vertu) et conduit par un conducteur qui symbolise la faculté volitive de la Conscience.

La transposition du langage analogique utilisé pour cette épopée ésotérique, dans le langage conventionnel est des plus délicate. Chaque archétype de Conscience se trouve symbolisé par la diversité des combattants du champ de bataille, leur fonction, et l'état de développement correspondant aux rangs militaires et aristocratiques qui est le leur, et qui correspond sans aucun doute à leur degré d'évolution karmique. Si nous devons considérer, comme je l'ai déjà signalé lors des précédents articles sur ce sujet, que le combat qui est mené sur ce champ de bataille, est celui de l'Esprit devant s'affranchir de la domination de l'ego et de la matière, en parvenant à en prendre le contrôle, toutes les expressions utilisées dans ce conte sont donc à considérer sous le sens Cachant, celui de l'interprétation la plus ésotérique, et en évitant de se laisser entraîner par l'histoire du sens Parlant qui ne s'adresse qu'à l'intellect raisonneur ; alors que le sens Cachant fait appel aux facultés spirituelles, dont l'intuition n'est pas la moindre. Tous les guerriers de ce champ de bataille, les Consciences avec lesquelles chaque combattant devra se confronter, se mesurer et/ou s'allier, sont vaillants, grands et forts. Cette vaillance est celle du courage qui consiste à faire l'effort de se présenter sur le champ de bataille pour éprouver les acquis de ses connaissances (patrimoine karmique) sur l'enclume de la bataille ; ou sera celle d'une folle témérité issue de l'ignorance drapée dans une prétention suffisante. Cette grandeur sera celle soit de la vanité, la grandeur des apparences inconsistantes, soit celle de la pratique de l'humilité qui seule est la base de toute véritable grandeur; et cette force sera soit la vertu cardinale, soit la pire des violences et cruauté, qui condamnerait celui qui y succomberait, à périr de la même façon qu'il fait périr ses adversaires, qu'il soit vainqueur ou vaincu. Chaque combattant est ainsi armé de ses vices et de ses vertus, et ce n'est que dans l'épreuve du combat qu'il pourra apprécier la vaillance et la qualité supérieure de son adversaire s'il est vaincu par lui ; et dans ce cas, il devra avoir l'humilité et la simplicité de reconnaître cette supériorité pour qu'elle lui soit profitable; dans le cas contraire, il devra savoir maîtriser sa victoire, et prendre en considération le combattant vaincu par lui, pour renforcer encore la puissance de ses armes et pérenniser sa victoire. Sa Force sera d'autant plus vertueuse, qu'elle lui permettra de dominer l'ivresse de sa victoire et des excès qui font sortir du juste milieu, le seul chemin où se trouve la Vérité.

Avant que ne commence la lutte qui opposera des forces contraires et inégales, chacun des combattants, et chacune des armées en présence sont convaincus de leur force et de leur supériorité. Sinon, il faudrait être suicidaire et terriblement inconséquent pour vouloir engager la lutte en ayant connaissance d'un état rédhibitoire d'infériorité militaire. Il y a aussi dans cette présentation toute militaire de l'incarnation de l'âme-de-vie, l'aspect (apparence) qui est celui auquel s'identifie si facilement l'Esprit. La tenue, les armes extérieures, les montures utilisées, sont là pour donner l'impression que le cavalier contrôle parfaitement sa monture, maîtrise l'emploi des armes qu'il porte, et se trouve habilement protégé par son armure et son expérience du combat. Ces certitudes, si elles ne reposent pas sur autre chose que des apparences et des illusions, trouveront dans l'épreuve, la confirmation de leur parfaite justesse, ou dans le cas contraire, seront à l'origine d'une défaite qui sera suivie d'un état de soumission et d'asservissement. Il est parfaitement habile, de la part de l'auteur de ce conte, d'avoir choisi un champ de bataille, et la diversité des combattants et des armées, pour nous enseigner, par le langage analogique, la rude épreuve initiatique qui attend la Conscience, qui se rend sur le champ de bataille de son évolution. Nous y trouvons, et nous y trouverons les similitudes qu'il peut y avoir avec ce qui est en bas, d'avec ce qui est en haut, sans pour autant qu'il y ait la moindre identité entre le sens Parlant et le sens Cachant, comme il n'y a pas la moindre identité entre la boucherie sanglante des combats de l'animal humain, d'avec les combats spirituels qui permettent de passer de l'inconscient à la Conscience.

Cet enseignement de la Bhagavad Gita, commence donc par nous indiquer, que la reconquête du trône des vertus se fera par la lutte, que cette lutte est la nécessaire épreuve des Connaissances acquises par chaque combattant, à la place qu'il occupera sur le champ de bataille. Ici, je me permets de faire remarquer que cela rejoint ce que j'ai expliqué dans ma dernière chronique dans l'académie d'Hermès Trismégiste, et qui veut que chacun soit à la bonne place au moment où il s'y trouve, lorsque se produisent les évènements; que la victoire n'est pas gagnée d'avance, car tous les combattants sont à considérer sous l'angle de la vaillance, de la force et de la grandeur; que la flèche d'un archer, n'est ni supérieure, ni inférieure en qualité et puissance, que la flèche d'un autre archer ; ce qui en fera l'efficacité sera nécessairement la façon qu'aura chaque archer de s'en servir, au moment le plus approprié et avec la détermination voulue, l'adresse et le talent qui seront les siens; que tous les véhicules, toutes les armes, tous les combattants, aussi différents qu'ils puissent paraître, ont leur utilité sur ce champ de bataille; enfin, la valeur des armes, et des armées résideront aussi dans la valeur et la compétence des chefs qui en assurent la stratégie. Ceux qui sont les plus élevés par les acquis de leur patrimoine karmique, sont en mesure d'assumer des responsabilités collectives dans l'intérêt de leur groupe. Ceci nous plante le décor qu'il y a entre l'individuel, et le collectif. Un combattant, aussi vaillant et héroïque qu'il puisse être, ne saurait être victorieux si l'armée à laquelle il appartient est en déroute, et cette déroute ou cette victoire collective, est d'abord de la responsabilité de celui ou de ceux qui ont à charge de la commander, et qui par conséquent, se trouvent être eux aussi à la bonne place au bon moment, quelque soit l'issue de la bataille.

Non seulement la Conscience doit faire l'épreuve du combat de l'Esprit et de la matière, mais en plus elle doit parvenir à sortir de l'isolement de son ego, pour intégrer le groupe auquel elle appartient et dont elle dépend et qui est son humanité. Là encore, l'allégorie du champ de bataille me semble être un des choix les plus pertinents pour transmettre à des complexions humaines naturellement barbares, violentes, agressives, égoïstes, ignorantes et paresseuses, un enseignement d'une très haute portée philosophique et spirituelle. Ceci rejoint le choix qu'ont fait ces grands Hiérophantes de l'ancien Temple de L'Égypte, qui ont choisi le vice pour véhiculer une partie de leur savoir, sous la forme d'un jeu de cartes (le Tarot), sachant que ce serait le plus sûr moyen d'en préserver la pérennité, compte tenu du fait que le vice est nettement plus répandu que la vertu.

Nous pourrions fort bien nous demander pourquoi l'épreuve du combat est nécessaire pour monter sur le trône des vertus ? Ce à quoi je répondrai d'une part, qu'il n'y a jamais qu'un seul prétendant pour occuper le trône des pouvoirs, et que d'autre part, l'élargissement du champ de Conscience ne s'acquiert que par la mise à l'épreuve de ses connaissances et de son patrimoine karmique. Sans cette mise à l'épreuve, (le fameux sentier de probation), il n'y aurait pas de possibilité de perfectibilité, et encore moins d'évolution. Et rien ne distinguerait les prétendants au trône, de celui qui en possède réellement les mérites et les vertus.

Nous pouvons d'ores et déjà, déduire de ce début d'enseignement spirituel, que la participation au combat est une nécessité pour celui qui espère reconquérir la souveraineté de son royaume (sa Conscience et son libre arbitre), et le refus de participer à ce combat, qui reste une possibilité offerte au libre arbitre, condamne au maintien d'un état d'évolution inférieure, mais aussi, par la faiblesse ou le manque de volonté, à une probable régression de cet état. Cette confrontation est celle qui résulte de l'existence du libre arbitre et des possibilités de choix qui sont offertes à la Conscience parmi toutes les voies du possible, allant de l'involution extrême à l'évolution autant qu'il est possible. La vertu n'est pas une disposition naturellement active, elle implique une volonté pour se manifester, et cette volonté, qui est aussi le principal attribut de la Conscience en éveil, s'exprime par la Force, l'effort, la lutte et le courage. Si, comme l'enseignent les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, le discernement entre le Bien et le Mal est ce qui constitue l'essence de la Connaissance ; le combat que doit mener la vertu contre le vice est nécessairement sa déclinaison naturelle, l'action qui suit la pensée et la parole. Et sur le champ de bataille, chaque partie en présence est nécessairement convaincue d'être dans son juste droit et de défendre la cause la plus noble, ce n'est qu'après le conflit, qu'aparaîtront les forces et faiblesses des belligérants. Le trône des vertus (forces) devant obligatoirement revenir à celui et au camp qui les incarnent le mieux. La Justice divine est rigoureuse et n'accorde qu'à chacun selon ses mérites, et non selon ses prétentions.

Si le fruit de l'arbre de la Connaissance est bien la capacité de pouvoir discerner le Bien du Mal, le sceptre du pouvoir revient à celui qui a su mettre victorieusement à l'épreuve, cette Connaissance dans un combat épique tant sur le plan physique, intellectuel que spirituel. Car ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est bas est comme ce qui est en haut ; pour réaliser les miracles d’une seule chose.


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mercredi 19 mars 2008

Chronique intermédiaire 10

Rédemption et repentir.


Lors de mon dernier article concernant la Chrysopée du Seigneur de Raymond Lulle, j'ai brièvement abordé les principes de rédemption et de repentir. Lorsque je parle de repentir. Il ne s'agit pas ici de psalmodier mécaniquement: mea culpa ! mea maxima culpa, ou de pratiquer je ne sais quelle autoflagellation physique ou mentale. La Rédemption qui est le principe même du changement de direction d'un cheminement, passant de l'involution à l'évolution, ne peut se faire sans une prise de Conscience qui fait comprendre que le chemin suivi n'est pas le bon, et, comme il est si habilement suggéré dans les Noces Chimiques, qu'il est nécessaire de se retourner.

Cette Conscience, avant de mériter de pouvoir avancer sur le chemin de la Rédemption, doit d'abord s'épurer en discernant les pensées justes en vertus, de celles qui ne le sont pas, et auxquelles elle a donné un asile en toute confiance, par négligence, ignorance ou pire encore par simple routine. Cette épuration, indispensable condition pour que la progression puisse se poursuivre lors de la méditation, est ce que les alchimistes ont appelé le massacre des innocents. Elle commence par un inventaire sans complaisance, des multiples compromis que nous avons l'habitude de prendre au quotidien avec les sollicitations ordinaires. Si la pratique des vertus doit devenir la règle, afin d'atteindre un niveau vibratoire élevé, l'exercice qui consiste à passer en revue tout ce qui dans notre passé n'a pas été conforme aux règles des principales vertus, tant dans les actions, les paroles que les pensées, est une première et salutaire mise en pratique. Le repentir sincère n'est pas celui que nous manifestons envers ceux que nous avons injustement traités, même si parfois cela en fait aussi partie, -ne serait-ce que pour supprimer un poids karmique par trop pesant -, mais c'est d'abord celui que nous serons capables de manifester, en notre for intérieur, en ayant un regard lucide sur des comportements, des attitudes et des paroles, qui ont été les nôtres, que nous accepterons de regarder dans leur cruelle réalité, et de les juger comme n'étant pas, ou plus dignes d'être reçus et considérés par une Conscience qui décide de s'élargir en direction des lois de la Divine Providence. Cette épuration fait donc appel à la faculté de discernement, pour distinguer ce qui est du domaine des vices, ignorance, faiblesse, témérité, vanité, arrogance, légèreté, inconséquence, manque de compassion, de pondération, de mesure, de justice, etc... de celles des vertus comme le courage, la droiture, l'effort, l'humilité, la tolérance, la tempérance, le souci de justice, la quête continuelle de la Connaissance, etc... Avoir la Force et le courage de faire l'inventaire de ce que nous avons été capables de manifester dans le passé, pour en être, le plus impartialement possible, le juge rigoureux, est le plus sur et le plus solide moyen de parvenir à l'épuration que doit apporter ce repentir sincère. Ce travail, qui en réalité est beaucoup plus long et subtil qu'il n'y paraît de prime abord, demande de prendre le temps de faire l'inspection de nos propres oeuvres, petites ou grandes, ou de l'absence de celles-ci lorsqu'en réalité elles auraient dû trouver un espace de concrétisation. Une règle de haute responsabilité veut que ne pas faire le bien, lorsque nous sommes en situation de le faire, soit de même nature que de faire le mal. Il est rare que nous n'ayons pas à déplorer, dans un parcours de vie plus ou moins long, d'avoir été dans cette situation, sans pour autant avoir eu le bon comportement, soit par loi du moindre effort, soit par manque de responsabilité, soit par simple ignorance des règles qui fondent les principes de bonne justice. Le repentir sincère passe aussi par l'attitude que nous avons eue vis-à-vis de toutes les personnes que nous avons croisées dans notre vie, et dont certaines nous ont apporté beaucoup, et avec une générosité d'autant plus grande qu'elle a été en plus discrète, et auxquelles nous n'avons pas accordé les manifestations sincères de gratitudes, et/ou de considération. C'est en général le comportement bien naturel de tous les enfants et adolescents qui s'imaginent facilement, ne serait-ce que pour se donner bonne conscience à faible prix, que ce qu'ils reçoivent leur est en réalité dû. Que l'on ne se méprenne pas sur mes propos, l'enfant ou l'adolescent n'est pas responsable de ce comportement égotique parfaitement normal dans cet état de développement, mais l'adulte qui porte en lui, d'une façon indissociable, l'enfant et l'adolescent qu'il a été, a la lourde responsabilité d'assumer le repentir de ce passage obligé, surtout envers les personnes, qui se révèlent, avec cette prise de conscience, comme ayant été injustement traitées par lui, qu'elles soient vivantes ou depuis décédées. Ce repentir sincère sera l'allégement du poids karmique que fait peser les ingratitudes de l'inconscience, et qui continuent de parasiter (polluer) l'ensemble d'un corpus de pensées tant qu'elles n'ont pas été identifiées comme étant de la catégorie de l'épais, du lourd, du fixe.

Après avoir soigneusement passé en revue son parcours de vie, aussi loin que le permette la mémoire, ainsi que l'inventaire des personnes auxquelles nous sommes légitimement redevables, auxquelles nous devons présenter la manifestation d'une prise de conscience de ce ou ces comportements injustes et ingrats, qu'elles soient toujours incarnées ou non, le repentir sincère impliquera que nous décidions de ne plus laisser la possibilité d'être à nouveau dans cette situation qui impliquerait une responsabilité karmique d'autant plus lourde qu'elle serait parfaitement consciente. Si, selon l'adage, les peuples qui n'ont pas de mémoire, sont condamnés à revivre leurs histoires ; les individus qui n'ont pas de mémoire sont eux aussi condamnés à commettre à nouveau leurs turpitudes et leurs égarements. Le repentir est donc une épuration nécessaire qui implique la manifestation d'un sens moral et d'un sens élevé de ses propres responsabilités, mais il ne mène à aucune rédemption tant que le comportement n'est pas mis en conformité avec les pensées justes en vertus qui doivent être celles qui gouvernent la Conscience. C'est là un des sens qu'il convient de donner à cette sentence de la Table d'Emeraude :

Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie.

Ce travail de repentir n'a pas besoin de témoins pour se faire ; ce n'est ni une confession faite à autrui, - ce qui en général donne le sentiment à celui qui se confesse, de pouvoir continuer dans la même veine jusqu'à la confession prochaine, après avoir obtenu une sotte et illusoire rémission de péchés -. Il n'est pas davantage une psychanalyse qui n'est en rien libératrice, contrairement à ce que d'habiles commerçants du système prétendent, mais est au contraire un processus qui emprisonne la Conscience dans une redoutable camisole égotique, histoire de faire durer la pseudo analyse sur une longue période d'honoraires. Donc , quand ce travail est effectué, il demandera pour être efficace, une vigilance accrue de la part de l'oeuvrant, afin que chaque pensée soit pesée sur les plus fines balances pour en connaître la justesse avec la plus grande précision. Le faire à partir de chaque pensée, permet d'éviter d'avoir à le faire pour des paroles ou des actes inconsidérés, eu égard au fait que c'est la pensée qui donne naissance aux deux autres.

Nous ne sommes pas des saints et nous n'avons aucune possibilité de le devenir. Croire le contraire est une imbécillité d'ignorant. Même les dieux ont leur aspect démon, alors il faut se faire à l'idée que le libre arbitre et la Conscience différenciée de l'Universel, impliquent que nous ayons constamment le choix entre le Bien positif et le Bien négatif ; entre le Bien et le Mal, pour ceux qui ne sont pas encore au fait de la Science Hermétique. Si pour le Bien négatif, il n'est pas nécessaire de faire le moindre effort, il est même conseillé le contraire, pour le Bien positif (la Rédemption) il est impératif de faire preuve de volonté, de courage d'effort et de vertus. Ce n'est que lorsque que nous activons notre faculté volitive et le niveau de nos Connaissances, que nous domestiquons les nombreux petits démons du Bien négatif, avec lesquels nous devons apprendre à cohabiter, sans pour autant leur permettre de prendre le pouvoir. Le Sage n'est pas quelqu'un qui n'a pas de défaut, c'est juste quelqu'un qui par une ascèse régulière, a appris à tenir son ego en cage par le développement de ses qualités, dont l'activation des facultés supérieures (nécessairement vertueuses) fait partie.

Le repentir n'est pas non plus quelque chose que l'on pratique à un moment donné, et qui ne fait plus partie de nos exercices après cette pratique. Prendre Conscience que ce que nous prenions pour vrai, juste et moral, n'était en réalité que des apparences du vrai, du juste et de la morale, est la démonstration de l'éveil de cette Conscience; mais plus l'adepte progresse, plus sa Conscience s'élargit au point d'être sans cesse dans l'obligation, de reconsidérer, sur des balances de plus en plus fines, ce qu'elle prenait pour des pensées justes en vertus, et qui, si elles ne sont pas franchement des vices, n'étaient pas pour autant suffisamment justes pour être considérées comme des véritables vertus. Le repentir est donc un principe qui est directement lié avec celui de la perfectibilité. Progresser dans sa perfectibilité, implique la pratique constante du repentir, et cette pratique pour rester efficace, ne doit pas devenir un rituel automatique et sans âme comme celui que j'évoquais au début de cette chronique : me culpa ! mea maxima culpa ! Ce repentir là, est à la fausse monnaie ce que le repentir sincère, médité, intelligent est à la vraie. Le repentir implique bien évidemment une pratique de l'humilité sans laquelle il n'y a jamais de grandeur possible, et là encore il convient de ne pas sombrer dans les déviances si souvent constatées qui confondent humilité et humiliation.

Lorsque le repentir est sincère, selon les principes ci-dessus, il apporte les bienfaits d'une Rédemption qui est accordée sans qu'il soit nécessaire de la réclamer. Mais il convient de ne pas confondre cette Rédemption avec les fumeuses indulgences plénières de tristes renommées. Cette Rédemption est ce qui permet à l'oeuvrant de progresser en direction de la Divine Providence, étape par étape, et à chacune de ces étapes il faudra obligatoirement procéder à une épuration pour pouvoir accéder à l'étape suivante. Rappelons-nous que la Divine Providence n'impose rien, elle se reçoit de façon volontaire et clairement manifestée. Personne n'est obligé de pratiquer le repentir sincère, mais il faut simplement se souvenir qu'il n'y a pas de Rédemption sans cette pratique !

La méditation est la voie de la plus haute perfectibilité possible, elle implique nécessairement la pratique du repentir sincère qui se manifeste, je le rappelle encore et inlassablement, par l'exercice des pensées justes en Vertus.


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mardi 11 mars 2008

Chronique intermédiaire 9

Réflexion et méditation suite 3.



Le cheminement de cette chronique sur la réflexion et la méditation m'amène inévitablement à ce qui constitue l'essence de l'une et de l'autre je veux parler de la pensée. Cette pensée n'est pas une création ex nihilo de l'intellect raisonneur ou de la Conscience spirituelle la plus élevée soit-elle. C'est, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer lors de précédents articles dans l'académie d'Hermès Trismégiste, une part de l'énergie source qui est donc une Création du Divin Créateur. La pensée est une âme disait fort justement Bulwer Lytton ; elle a donc une ipséité qui lui est propre, avec son niveau vibratoire pour son aspect abstrait, et la forme qui lui correspond et qui se manifestera lorsqu'elle se concrétisera.

Dans la version latine de la Table d'Émeraude, une des sentences est traduite de la façon suivante : Voici le père de tout le telesme du monde entier. Dans une autre traduction, cette version se transcrit de la façon suivante : Le Père de tous les talismans du monde est ici. Ceci nous ramène à ce qui constitue la nature même de l'énergie qui se trouve à l'origine de toutes manifestations, je veux parler de l'Océan des Pensées (telesme) du Divin Créateur, et si chaque pensée possède sa forme de manifestation, alors cette forme est le talisman (le symbole) de cette pensée, sans pour autant pouvoir prétendre être l'intégralité de cette pensée. Ainsi, le Divin Créateur est le Père de tout le telesme et de tous les talismans, l'ensemble de ces derniers composant le telesme, les deux traductions nous ramènent à une seule réalité.

Ces pensées qui se caractérisent par un ensemble de propriétés susceptibles de leur donner une âme, se perçoivent par l'intellect ou la Conscience selon des affinités vibratoires, et des polarisations magnétiques. Certaines s'attirent pendant que d'autres se repoussent, mais la fécondation ne se fait que lorsque deux polarités opposées parviennent à s'unir (l'analogie des contraires). Ces principes qui caractérisent toutes pensées, proviennent de la dualisation du Nombre sacré Un, en Nombre sacré Deux, puissances qui parcourent toute la création du plus haut jusqu'au plus bas et que nous identifions soit sous l'aspect de la sexualité, pour le côté réflexion intellectuelle, soit sous l'aspect de la Kundalinî pour le côté médiation spirituelle. La Conscience, comme l'intellect, ne sont donc pas, et jamais, créateur de la moindre pensée, que ce soit dans le cadre de la réflexion ou dans celui de la méditation, ces pensées sont reçues par attirance magnétique et se hiérarchisent selon la répartition entre le volatil et le fixe, le subtil et l'épais, le léger et le lourd.

La réflexion s'exerce donc dans les limites de l'intellect raisonneur des formes concrètes, et les limites des cinq sens organiques. Une pensée lui sera accessible d'abord et essentiellement sous la manifestation d'une forme, de sa forme, c'est-à-dire l'aspect le plus lourd et le plus dense de la cristallisation de la lumière. La réflexion, par son aspect terre-à-terre et pragmatique, se nourrit de pensées de même nature vibratoire, et de polarités semblables. La rusticité de ce niveau de perception, qui ne fait pas appel aux facultés supérieures, n'impliquera que peu d'efforts de la part de la Conscience, même si parfois l'intellect peut aussi se trouver fortement sollicité. Ces pensées de basses amplitudes vibratoires s'agglutinent entre elles par attraction mutuelle ; elles ne sont pas sensibles au récepteur (capteur), mais lui, est davantage sensible à leurs influences magnétiques instinctives et émotionnelles. Ainsi, ceux qui ne se contentent que de capter des pensées dans le cadre de leur réflexion intellectuelle, s'enferment rapidement dans un espace égotique et matérialiste, et la Conscience de ce capteur se trouve asservie par l'instinct et les fortes émotions qu'engendre ce type de pensées lourdes et pesantes. Le poids des vices devient alors si attracteur qu'il entraîne l'esprit du récepteur vers un centre de causalité involutif duquel il aura de plus en plus de mal à s'extraire. Pour illustrer cette situation, qu'il suffise à chacun de réfléchir à la façon que nous avons tous de nous comporter lorsque nous sommes préoccupés par des soucis du quotidien, qui augmente rapidement leur intensité magnétique en fonction de leur degré d'urgence. Si le récepteur doit faire face à un grave danger immédiat, alors il ne disposera plus des facultés qui justement lui permettraient bien souvent d'y faire face subtilement, en évitant ainsi les méfaits qu'occasionne inéluctablement la perte du contrôle de son intelligence, lorsque nous nous laissons submerger par les émotions de ces pensées puissantes et dominatrices. Une expression du langage populaire conseille d'ailleurs fort justement de savoir prendre du recul. Cette prise de recul par rapport aux émotions, passions et désirs que génère cette catégorie de pensées épaisses, nécessite l'activation de la faculté volitive, base de notre libre arbitre.

Les pensées de la réflexion de l'intellect raisonneur ont une force magnétique considérable. Pour illustrer cette force, il suffit là encore, de regarder le comportement collectif des individus qui partagent ce type de pensées ; autant l'individu dans son espace personnel peut parvenir à donner un aspect raisonnable et raisonné (apparence) à cet agglomérat de pensées de faible intensité vibratoire, autant lorsqu'il se trouve réuni avec ses semblables (en pensées lourdes), le magnétisme individuel auquel il lui était encore possible de présenter une certaine forme de résistance, devient d'une telle intensité qu'il se trouve littéralement aspiré dans un comportement collectif qui bien souvent dépasse les limites de la raison, pour rejoindre celui du délire, pour ne pas dire de la folie furieuse. C'est le cas de nombreux matchs de foot, de manifestations populaires, de comportements religieux collectifs, de manifestations collectives politiques, dont les pires de toutes, est sans conteste celles qui ont porté au pouvoir, dans une ferveur populaire à la limite de l'aliénation, ce magnétiseur de foule qu'était Adolphe Hitler. Ses discours pouvant être considérés comme l'archétype de la construction intellectuelle raisonneuse de très basse intensité vibratoire, et donc d'un magnétisme inversement proportionnel. Je prends cet exemple extrême pour bien faire sentir la puissance négative que peut produire une réflexion intellectuelle avec son cortège d'émotions plus ou moins viles, de passions et de désirs souvent sordides. La réflexion sera donc l'ennemi farouche de la méditation, à cause de ce pouvoir magnétique et de sa faible intensité vibratoire.

À l'inverse, la méditation qui fait appel à des pensées subtiles, aux formes abstraites, ne faisant subir aucune domination magnétique asservissante, nécessitera de la part du capteur, une forte élévation de son niveau vibratoire qui seul pourra lui permettre de recevoir cette catégorie de pensées volatiles. Parvenir à ne pas donner une forme concrète à une pensée subtile, lors de la méditation, c'est éviter de se laisser attirer par le magnétisme de ces formes, ce qui aurait pour effet de faire chuter la méditation dans la sphère de la réflexion. La réflexion mène dans la sphère des lois de la causalité, alors que la méditation élève aux lois de la Divine Providence. Comme le signalent si justement les Tablettes de Thoth dans de nombreux passages, dont celui-ci que je soumets à votre méditation :

Alors le NEUF s'adressa à nouveau à moi:
"Recherche le sentier qui mène vers l’au-delà parce qu'il est possible de développer une conscience plus haute. En voici le signe: Lorsque le DEUX devient UN et que UNE devient le TOUT alors sache que la barrière s'est levée et que la voie est libre. Développe ta forme pour qu'elle passe dans le sans-forme et tu seras libre."

C'est ainsi qu'à travers les âges j'ai écouté ce conseil qui m'indique la voie vers le TOUT. J'élève mes pensées vers le TOUT CHOSE. Seul le Sans forme peut appréhender le TOUT.

La méditation se distingue donc de la réflexion par les catégories de pensées subtiles qu'elle permet de rassembler. Pour parvenir à recevoir dans un premier temps, puis à rassembler dans un deuxième temps, ces pensées d'une forte intensité vibratoire, il faut d'une part, ne pas se laisser attirer par le magnétisme des pensées, de l'intellect raisonneur et de la séduction de ses formes qui sont si faciles à appréhender (loi du moindre effort oblige), pour s'ouvrir aux pensées plus abstraites et plus subtiles de la méditation. Mais comment passer de la réflexion à la méditation, si l'essentiel de nos pensées sont constituées par celles de la hiérarchie propre à la réflexion ?... Là réside la première difficulté de celui qui veut sincèrement accéder à cet état supérieur qu'est la méditation.

La méditation repose sur des pensées subtiles, à un haut niveau vibratoire, pour les attirer il convient donc de cultiver l'exercice qui permet d'accéder à cette catégorie de pensées, et de là où je me tiens je ne connais qu'une seule façon d'y parvenir, c'est celle qui consiste à pratiquer la pensée juste en Vertus. La méditation est comme l'autorité, elle ne se décrète pas, mais se mérite. Elle ne permet pas d'obtenir tout et tout de suite, le croire serait la conséquence d'une pensée lourde et peu vertueuse. Si l'on parvient à accumuler autant de pensées issues de la méditation, que de celles issues de la réflexion, cela signifiera que nous pouvons passer autant de temps à faire l'une ou l'autre. Mais, si nous n'avons que très peu de pensées issues de la méditation et l'immense majorité issue de la réflexion, le temps que nous pourrons consacrer à la méditation sera proportionnel au pourcentage de pensées subtiles accumulées.

La méditation implique une élévation de la Conscience vers le subtil, et cette élévation se fait volontairement, mais à la condition que l'espace pour cette élévation existe. Cet espace s'élargit au fur et à mesure que s'élargit notre champ de Conscience, et ce champ de Conscience ne s'élargit qu'en fonction de l'augmentation de nos Connaissances. Lorsque le terrain se trouve correctement balisé, alors la méditation ne dépend plus que de la volonté de la Conscience d'orienter ses pensées vers le subtil, plutôt que vers l'épais, en s'élevant dans le monde du sans forme. La formule est simple, c'est la mise en pratique qui est d'une redoutable complexité. Qu'il suffise de savoir que lors de la méditation, qu'une seule pensée de la sphère de l'épais vienne traverser l'esprit de celui qui médite, et le poids de cette pensée sera suffisant pour déconnecter complètement la méditation de son espace subtil. C'est pour cette impérieuse raison que la méditation, surtout à ses débuts, doit se faire dans le calme et le silence le plus complet possible.

La méditation est le seul moyen qui permette de rétablir les connexions avec les puissances supérieures, qui sont tellement improbables pour la sphère de la réflexion, qu'elle considère cette possibilité comme une chimère. Comme il est aussi vrai que pour les créatures des abysses, plongées dans une perpétuelle obscurité, la lumière n'existe pas. (voir l'analogie de la caverne de Platon).

La méditation est un processus subtil, mais aussi extrêmement complexe. Si l'intellect raisonneur peut parvenir à une grande sophistication, comme celle des scientifiques matérialistes, ce développement ne s'obtient ni naturellement ni spontanément, il implique un long travail d'accumulation de savoirs et de pratiques expérimentales. Ce n'est que très progressivement que cet intellect raisonneur se développe et croît en puissance. Il en est de même pour la méditation, avec un rapport de puissance considérable pour ce qui la concerne eu égard au fait, qu'en plus des cinq sens organiques, elle se développe sur l'activation et la croissance des cinq sens spirituels, ceux qui permettent de pratiquer et de s'ouvrir aux espaces abstraits (hors des limites de notre propre nature organique). Ce n'est donc que très progressivement que doit se pratiquer la méditation, avec pour ligne de conduite un solide bon sens, et des ambitions adaptées à la condition et aux capacités de celui qui décide de s'y adonner ; ce qui implique d'être capable de faire sa propre auto-analyse, ceci nous renvoyant à la célèbre formule mystique :

Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux.

Et pour se connaître soi-même, encore faut-il être capable de le faire avec une certaine objectivité, sans complaisance avec un paraître illusoire et des vanités, qui fausseraient la juste vision qu'il convient d'avoir. La pratique d'une pensée juste en Vertus, commence donc ici.

Petite indication concernant ce qui différencie la réflexion de la méditation. La première amène l'excitation nerveuse et l'ivresse de l'exaltation, avec pour conséquence une dépression énergique après l'excitation nerveuse et la gueule de bois qui suit tout enivrement excessif. Alors que la deuxième, la méditation, apporte un ressourcement énergétique procurant force et plénitude, et une extase rayonnante sans aucun effet secondaire ni aucune accoutumance.

Reste que ces deux polarités, l’une négative et hétérogène pour les pensées de la réflexion ; l’autre positive et homogène pour les pensées de la méditation, peuvent s'accoupler par la magie de l'analogie des contraires pour engendrer la progéniture d'une Conscience qui en recevra l'héritage spirituel et intellectuel. Toute l'oeuvre alchimique a pour objectif, l'union de ce Père et de cette Mère pour qu'ils donnent naissance à l'enfant d'Hermès... Car, si la Foi sans la Raison est délirante, la Raison sans la Foi devient rapidement stérile, il en est de même pour la réflexion et la méditation, qui ne sont que des déclinaisons de la Foi et de la Raison. Mais avant que naisse l'enfant de ce couple encore faut-il préparer et couver l'oeuf qui lui donnera la vie, ce que nous retrouvons dans le fil d'Ariadne sous l'évocation suivante :

Ce mercure contient en soi un feu, qui doit être repu et nourri de plus grand feu au second régime de la pierre, et ce feu du second régime doit être enclos par ce second ; les Philosophes le nomment propre instrument. Ce mercure est de terre et d'eau, et on le met dans l'œuf tout frais et récent avec tout son sang ; c'est-à-dire avec tous ses esprits ; c'est pourquoi il faut sceller que le plus promptement qu'on pourra, avec le plus commode sceau d'Hermès, dont sera parlé ci-après, afin qu'il y soit sublimé et exalté à la nature d'air et de feu, comme dit Arnauld de Villeneuve.

Ici commence la première confection du Rebis de l'oeuf philosophique des alchimistes, qui est aussi appelé l'oeuf cosmique, et dont le germe est androgyne, et l'enfant royal qui en naîtra sera hermaphrodite, puisqu'il aura Hermès pour père et Aphrodite pour mère...

Ce dernier commentaire sur l'alchimie devant vous permettre de faire une petite translation entre le langage vernaculaire et le langage analogique, histoire de commencer à aligner la pensée subtile du bas, d'avec la pensée subtile d'en haut.


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lundi 10 mars 2008

Extrait II de la Mission des Juifs



Dans un ordre autrement important, il ne fut, comme Luther, que le boute-feu plus ou moins conscient de l’immense incendie qu’alluma son étincelle.

La cause intellectuelle qui rendit possible ce sectaire, remonte plus haut que lui, et nous devons nous y arrêter quelque temps.

La quadruple hiérarchie de sciences léguée par les temples de la Race rouge au sacerdoce de la Race noire et par ce dernier à la Théocratie de Ram, ramenait mathématiquement et géométriquement toutes les sciences et tous les arts à l’Unité divine, Iod, Wodh ou Boudh.

Cette science de méthode, que je désignerai sous les noms d’Arithmétique et de Morphologie qualitatives, est la seule en effet qui permette à l’intelligence humaine de remonter de degré en degré tous les échelons de la Vérité, avec exactitude, et non pas dans le simple mirage imaginatif des fantaisies exotériques de la Théologie ou de la Métaphysique.

Pour illustrer cet extrait de la Mission des juifs de Saint-Yves d'Alveydre, je ne trouve rien de mieux que de reprendre ce qu'il explique au chapitre second de son ouvrage magistral qu'est l'Archéomètre :

"Le paganisme philosophique, résultat de cette régression mentale dont nous venons de suivre la marche' chez l'enfant devenant lettré, et qui domine l'Europe actuelle, l'esclavageait déjà à l'époque de Pythagore. C'est contre lui que le grand Initié et les Ordres qu'il fonda sur les plans de la Synthèse orphique essayèrent en vain de faire fonction de thérapeutes sociaux, parmi les débris de Tiers-Ordres ioniens et phéniciens qui avaient vicié l'esprit, et bouleversé cette organisation de la Grèce et de l'Italie antiques celto-slaves et pélages, dont nous avons parlé plus haut.

Ces théologiens laïques qui se détachent, Pythagore et Aristote surtout, sur le fond banal de leur temps comme des hommes d'une autre race et d'un autre Cycle, sortaient des Temples métropolitains du Polythéisme, pour s'efforcer de conjurer un double fléau perpétuel, celui de la Révolution civile et de son correctif militaire, la Guerre. Dans ses Épîtres aux Romains, saint Paul définit merveilleusement la médiocrité de la troisième caste mentale et morale, et l'on dirait que ces philosophes l'ont pressenti.

L'histoire ne prouve que trop, hélas! combien ces milieux sont restés réfractaires à l'action de ces hommes, à tout esprit hiérarchique, à toute sociologie, et comment seule, la seconde race mentale, celle des États-Majors militaires, a pu les lier à sa paix forcée.

Cet admirable Pythagore qui a inauguré dans la langue grecque le mot Philosophie, était-il lui-même un philosophe, dans le sens où nous prenons le terme, Philosophie : l'Avoir de sa propre sagesse ? Un religieux, oui ; un fondateur d'Ordres, soit ; le saint Benoït du presque divin Orphée, bien ; mais un philosophe, c'est beaucoup dire et pas assez.

Les chefs de confrérie orphiques qui dirigeaient alors la Grèce et l'Italie s'appelaient, depuis des siècles, théologiens et prophètes. Avant Pythagore, Numa avait été un de leurs envoyés à l'anarchie naissante des Romains. C'était le roi élu d'un Sacré-Collège étrusque, selon les rites patriarcaux. Les maîtres méditerranéens du grand Samien portaient le même caractère : Epiménide, Phérécyde de Syros, Aristéas de Proconèse ; tous théologiens et prophètes, le second thaumaturge, le troisième prêtre. Son successeur en Italie, Xénophane, le père spirituel des Eléates, théologien également, combattait à face ouverte le Paganisme des Ioniens et même leur polythéisme, ainsi que celui des Phéniciens.

À plus forte raison, les hiérophantes qui instruisirent Pythagore n'étaient pas des philosophes : Thémistoclée, grande prêtresse de Delphes ; Abaris, prêtre du Verbe solaire chez les Hyperboréens ; Aristéas, déjà nommé ; Zalmoxis, le chef des Sacerdotes thracides ; Aglaophème, grand prêtre de Lesbetra, etc., etc.

Je n'ai cité que les chefs des Temples de la proto-Grèce, l'Orphique, la Slave, traits d'union de toutes les Fédérations celto-slaves et pélasges remontant à l'Eglise patriarcale que Manou et Moïse désignent sous les noms de Koush et de Rama.

Mais suivons Pythagore dans les métropoles initiatiques de l'Afrique et de l'Asie. Ses maîtres sacerdotaux sont, Saïs, le prophète d'Oshi ; à Om, Héliopolis, dans le temple où Moïse, sous le nom d'Oshar-Sirph avait été le prophète d'Oshi-Rish et l'initiateur d'Orphée, c'est le prophète Hôn-Ophi. À Babylone c'est Nazarath (et ce nom est suggestif, le prophète Daniel, le nazaréen, étant alors le Grand-Maître du Sacré-Collège des Mages). En Perse c'est le chef des Néo-Zoroastriens, le Gheber Zarothosh. Dans le Népâl, visité aussi par Lao-Tsée, c'est le premier pandit du Sacré-Collège de Brahma depuis Krishna, et avant ce dernier d'Ish Va-Ra.

Arrêtons-nous ici, pour marquer quelques stades importants de l'antique Unité religieuse. Elle comptait plusieurs Synthèses et Alliances superposées et que voici :

1°) L'Universelle s'Ish Va-Ra ;
2°) L'Indienne des races brunes et dorées, celle du Bharat d'Ish Va-Ra ;
3°) L'Aryenne conquérante, celle de Pavan, de l'Hanouman scythique de Rama ;
4°) Le système de Nared se rattachant à la Protosynthèse ;
5°) La Brahmanique concordataire, celle de Krishna, source de l'Abrahamisme des Cashidim ; ces derniers étant une branche des Iyotishikas de Caçi, Cashi. L'Egyptianisme concordataire suit les Pouranikas de Tirohita.

Cette superposition des systèmes anté et postdiluviens, de leurs Cycles et de leurs doctrines est presque impossible à saisir du fait de l'inversion du Sceau de l'AMaTh, qui, accomplie par Krishna près de 3.000 ans avant Pythagore, entraîna celle de la Parole du Verbe Bra-ShITh, de son ShéMa et de son SéPherR. Mais, avec l'Archéomètre, il est relativement facile de se reconnaître et la superposition indiquée ci-dessus devient dès lors très nette.

Moïse appelle la Protosynthèse et la première alliance : Adam, en vède AD-Am, Unité-Universalité ; et elle se multiplie en autant d'Églises ethniques que Moïse, 'après les Égyptiens, les Chaldéens, les Brahmes, les Mages, le Kouo-Tsé-Kien de l'Extrême-Orient et les Voltanides de l'Extrême-Occident, mentionne de Patriarches jusqu'à Noé.

Alors, commence la deutosynthèse, et la deuxième Alliance universelles. S'il nous fallait citer tous les documents historiques de ces deux Églises catholiques, ce livre y suffirait à peine. Moïse qui les avait tous sous les yeux, enregistre entre autres, avec son exactitude habituelle, ce qui regarde et intéresse aujourd'hui plus que jamais les avant-gardes de la race blanche en Asie dans le Népâl et dans la Perse. Voici la traduction de ses paroles extrêmement mystérieuses et voilées avec un très grand art, parce que le fond en est très simple, très réel surtout, sans métaphore, ni philosophie.

1- "L'Église du Patriarche Adam s'étant pervertie en raison de la multiplication des races et de leur mélange, sur la face visible (Pha-Na-I), de la Terre spirituelle 'ADaMaH), il en résulta que de nombreuses confréries de Vierges s'y formèrent.

2 - "Les fils des Alhim célestes aimèrent ces filles d'Adam. Ils prirent pour épouses spirituelles, pour inspirées, pour Nashim, celles que leur Amour avait le plus ravies en esprit : (B'Ha-ROu, inversion de Ba-ROu-aH)

3 - " Car les Nephilim existaient désormais sur la Terre astrale de ces Ya-Mim, Époques et Ondes lumineuses du Ya. En effet, depuis que le fils des Albim avaient hanté les confréries virginales de l'Église d'Adam, l'alliance ghiboréenne, la grande Boréale était née de cette Inspiration et elle avait fondé dès l'Antiquité la plus reculée l'Anosh-Ya, la corporation virile du Ya, l'État-Major sacré de ha-Shem, du schéma céleste de la Gloire divine."

Voilà pour l'antique Alliance dite aujourd'hui aryenne, fondée par réaction de Vierges inspirées contre une décadence universelle. Pythagore n'oubliera pas, comme chef d'Ordres, de rendre au féminisme vrai toute sa Mission, toute sa part légitime d'influence.

Outre l'Alliance ci-dessus, mais bien des siècles après, nous avons à mentionner celle qui date du Patriarche de Koush avant la Révolution Nemrodique. Les métropoles orientales, dont les Sacrés-Collèges avaient pour correspondants tous les autres centres plus ou moins attachés à l'Ancien Ordre, étaient : la capitale du Jana-Cadesha, Mithilâ, pour la section des Sciences divines et humaines dites pouraniques, ou Humanités saintes, et Kashi, pour la section des Sciences dites positives ou Iyothiques, parce que l'Astronomie poussée jusqu'à la physiologie cosmique était regardée comme la Synthèse de ces Sciences.

C'est de ces stades historiques que datent, bien avant Moïse, les relations sacerdotales de l'Inde avec l'Orient et l'Extrême-Orient d'une part, le Nord de l'Asie et l'Europe y compris la Grèce et l'Italie, d'autre part. Et enfin, avec l'Égypte et l'Éthiopie. C'est de Kashi, aujourd'hui Bénarès, qu'était venu le Collège des Kashidim (mot à mot :donnés par Kashi), les Chaldéens. C'est là aussi, que les Mages de l'ancien Iran allaient achever leurs Hautes Études Iyothiques. Mais, depuis le premier Zoroastre, et sa réputation du culte des Dêvas qu'il regardait comme contraire à l'ancienne Orthodoxie, ils s'abstenaient de Mithilâ, le grand collège pourabique fréquenté par les prêtres égyptiens, colchidiens, delphiens et autres.

Pythagore était donc un religieux, un pieux pèlerin de l'Unité et de l'Universalité patriarcales, un fidèle de leur double Révélation et de leur double critère que nous étudierons plus loin : La Vie et la Science. La Vie, vie éternelle, car sans cela le Thanatisme étant la finalité de tout être en serait le Principe ce qui est absurde. La Science, et non pas celle de l'homme, mais celle qui avant lui était déjà inscrite dans tous les faits, depuis l'infiniment grand jusqu'à l'infiniment petit. La Biologie enfin, de l'Univers invisible et la Physiologie de l'Univers visible.

Du reste, écoutons-le à travers ses disciples et il nous dira si les critères de la Vérité sont objectifs ou subjectifs, réels ou métaphysiques, vivants ou morts, universels ou individuels.

" La raison humaine n'a, par elle-même, qu'une valeur de conjecture. La Science et la Sagesse n'appartiennent qu'à la Divinité et nous n'avons pouvoir d'en prendre connaissance, selon notre degré de réceptivité."

Ce large extrait de Saint-Yves d'Alveydre, devant vous permettre de vous faire une idée, même très vague pour le moment, de cette Science sublime et si ancienne dont parlent les textes ésotériques et occultes. Cette Science, qui est la structure même de la Science Hermétique, est celle qui relie le Macrocosme au Microcosme, le visible et l'invisible. Elle était connue par des civilisations nettement plus évoluées que celle que nous considérons aujourd'hui, bien à tort, comme moderne et évoluée. S'étant le plus approché de la Vérité, elle conserve intacte sa pertinence et son actualité par l'intemporalité que lui a conférée cette très haute élévation. Voilà ce à quoi doit s'accoutumer celui qui part à la quête de cette Vérité.


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vendredi 7 mars 2008

Grillot de Givry, l'alchimie spirituelle



Et tu entendrais les blanches théories des Initiés te crier comme Dante :

Guai a voi anime prave Non isperate mai veder lo cielo !

tandis qu’elles s’éloigneraient pour jamais, triomphantes, dans la Lumière, et te laisseraient seul, au sein des ténèbres grandissantes, leur diazome sinistre s’étendant autour de toi !

Que cette pensée suffise donc à t’inspirer le regret de ta néglection du Magistère des Sages.

Plût à Dieu qu’il ne soit pas trop tard, et que tu ne te trouves déjà trop avancé dans la vie pour entreprendre de le parachever !

Car si l’ascèse n’a pas commencé au sortir de l’adolescence, il est douteux que tu puisses parvenir à la perfection. C’est dans ce sens que Nicholas Valois a dit : "Le Printemps avance l’Oeuvre". Et Saint Thomas d’Aquin : " Dans les premiers jours, il importe de se lever de grand matin et de voir si la vigne est en fleurs ".

Ce que les initiés crient comme Dante, signifie : malheur à vous âmes perverses, N’espérez jamais voir le ciel ! L'alchimie spirituelle, dont Grillot de Givry était parvenu à atteindre une parfaite maîtrise, ne peut se pratiquer sans certaines prédispositions essentielles à la réalisation de l'ouvrage. Savoir discerner ce que l'on peut attendre d'une chose, et ce que l'on ne doit pas en attendre, est une faculté que doit apprendre à cultiver l'oeuvrant. En reprenant cette belle et puissante formule de Dante, qui, je le souligne au passage, était lui-même un grand Alchimiste, — ayant eu une forte influence sur l'architecte de cet édifice dédié à Hermès qu'est la cathédrale gothique de Notre Dame de Paris —, Grillot de Givry ne fait que rappeler le principe de la Table d'Émeraude celui de la séparation du subtil de l'épais, du fixe et du volatil. Une âme perverse, par le poids considérable de son patrimoine karmique épais, n'a plus la faculté d'utiliser les ailes de ses Connaissances, pour s'élever vers le ciel... Cette perversité étant le résultat de la pratique de vices, constitue un lest rédhibitoire à toute possibilité d'élévation.

Avant qu'une âme ne devienne perverse, il faut d'abord qu'elle choisisse de le devenir, pour la bonne raison qu'il n'y a pas de malédiction hasardeuse et injuste. Lors de précédents articles dans l'académie d'Hermès Trismégiste, j'ai eu l'occasion d'évoquer, le fait que la nécessité du libre arbitre impliquait que nous ayons constamment le choix entre plusieurs possibilités, dont les nuances vont du plus sombre au plus clair. Pour que ce choix soit possible nous devons donc avoir en nous, autant de disponibilité à aller vers le sombre, que nous en avons pour aller vers le clair. La pseudo sainteté, comme le conçoivent certaines traditions cultuelles, qui voudraient qu'une Conscience ne dispose que de la faculté du Bien, sans avoir dans les mêmes proportions, la faculté du Mal, est une imposture contraire aux principes des Lois de la Divine Providence. Quel que que soit notre niveau d'élévation, nous sommes et resterons confrontés à ces choix possibles, c'est là le prix que nous devons payer pour notre totale liberté. Nous constaterons au passage, l'allusion subtile que fait Grillot de Givry, lorsqu'il dit : Et tu entendrais les blanches théories des Initiés... Les initiés font reposer leurs théories selon le principe de la clarté et de la blancheur, voilà qui est de même tonalité que mes petites indications ci-dessus.

Ce que nous appelons très improprement le Bien et le Mal, laisse supposer que la Divine Création a été capable de faire l'un comme l'autre, ce qui impliquerait, comme le dit si bien l'adage : que le Démon est Dieu inversé. Ici, Dieu, la Vérité Absolue et immuable, aurait une part obscure et malfaisante, qui serait si paradoxale avec cette Perfection ultime, qu'elle ne pourrait qu'engendrer la folie. La Science Hermétique ne reconnaît pas d'une façon aussi manichéenne, cette notion de Bien et de Mal, mais simplement un Bien positif, et un Bien négatif. L'involution, qui est une perversion de l'intelligence vertueuse, n'est jamais illimitée, car elle supposerait qu'il puisse y avoir une damnation éternelle, cela impliquerait que ceux qui s'y trouvent condamnés, seraient des erreurs du Divin Créateur, qu'Il rejetterait dans cette poubelle universelle. L'Enseignement des Tables de la Loi du Sépher de Moïse, nous indique, notamment dans le chapitre de la Genèse traitant du Déluge et de Noah, que la perversité des âmes n'est pas infinie, et qu'il y a un processus découlant des lois de la Divine Providence, qui permet d'en fixer les limites, et d'offrir constamment une rédemption possible. Ce Mal, cette voie d'involution, finit toujours par produire un Bien, c'est donc à juste raison que la Science Hermétique le considère comme un Bien négatif, cela évite au passage d'avoir à se faire une idée relativement basse et anthropomorphique du Divin Créateur, en lui prêtant la possibilité de pouvoir incarner le Mal. Pour illustrer mon propos je reprendrai cette citation d'une des lettres du Maître Koot Hoomi :

« Et maintenant j'en arrive à votre extraordinaire hypothèse que le Mal, avec son escorte de péché et de souffrance, n'est pas le résultat de la matière, mais peut être le sage plan du Gouverneur moral de l'Univers. L'idée peut vous paraître concevable, à vous, élevé dans l'idée fausse et pernicieuse des Chrétiens que “les voies du Seigneur sont impénétrables” ; pour moi l'idée est absolument inconcevable. Dois-je répéter encore que les meilleurs Adeptes ont fouillé l'Univers pendant des millénaires et n'ont trouvé nulle part la plus légère trace d'un tel faiseur de plans machiavéliques, mais partout la même loi immuable et inexorable. Vous devez donc m'excuser si je refuse absolument de perdre mon temps à propos de telles spéculations puériles. Ce qui est pour moi incompréhensible, ce ne sont pas “les voies du Seigneur”, mais plutôt celles d'hommes extrêmement intelligents en tout à l'exception de quelque marotte spéciale.»

Cette notion de Bien et de Mal, de Bien positif et de Bien négatif, n'est donc pas autre chose que le respect des Lois de la Divine Providence, impliquant leur connaissance ou de leur ignorance. Rappelons-nous toujours cet axiome des Tablettes de Thoth ; connaître les lois, c'est être libre. De ce qui précède il découle que la perversité des âmes réside bien dans l'ignorance, et que cette perversité dans laquelle certaines âmes se complaisent, est en réalité une absence de libre arbitre, puisqu'elles se trouvent, par la lourdeur de leur patrimoine karmique, clouées au sol de la plus basse condition, avec uniquement les choix obscurs de cette condition. Le Bien et le Mal ne sont pas à l'extérieur de nous, ils font parties de notre héritage depuis l'origine et pour toujours. Ceci nous renvoie à ces tropes si riches d'enseignements supérieurs, des Tables de la Loi du Sépher de Moïse et qui disent : Et-vous-serez tels-que Lui-les-Dieux, connaissant-le-Bien-et-le-Mal... Mystérieuse formule signifiant en réalité que la Connaissance implique la prise de Conscience de ce qui différencie le Bien positif, celui qui s'harmonise avec les Lois de la Divine Providence (l'évolution), du Bien négatif, celui qui n'est que la satisfaction de ses désirs, passion et émotions égotiques (l'involution), sans aucune préoccupation avec la splendeur et la symphonie de l'universel Bien positif. Pour parvenir à cette harmonisation, encore faut-il être capable d'activer sa capacité de discernement, celle directement en rapport avec son niveau de Connaissance. C'est d'ailleurs pour cette raison que ceux qui parviennent au plus haut niveau de connaissance qu'il leur soit possible d'atteindre, sont comme Lui-les-Dieux, sachant discerner le Bien du Mal : le Magistère des sages. J'ai déjà souvent eu l'occasion de signaler que la Connaissance, qui s'est approchée le plus de l'Universelle Vérité Absolue, acquiert certaines propriétés, comme l'intemporalité. Dans le Trope des Tables de la Loi, il nous est parfaitement indiqué que l'élévation de nos Connaissances, nous rapproche du ciel dont parle la formule de Dante qui se trouve dans l'extrait servant à cette étude.

Si une chose n'est ni un bien, ni un mal en soit, ces deux aspects n'étant que les polarités opposées de cette chose, l'analogie des contraires que doit pratiquer l'adepte de la Science Hermétique, - pour marcher sur la voie du juste milieu, sur laquelle se trouve la Vérité -, amène à considérer cette chose non plus sous l'angle réducteur et hétérogène de l'une de ses polarités, mais comme une réalité homogène nécessaire et en tout point conforme aux Lois de la Divine Providence. Je vous laisse approfondir cette définition qui renferme l'un des secrets des blanches théories des initiés.

Comme le Bien positif et indissociable du Bien négatif, il ne faudrait pas, par manque de discernement, arriver à penser qu'il n'y a pas de différence entre l'un et l'autre, et les mélanger dans une inextricable confusion qui mélangerait le vice et la vertu. D'autant, qu'au fur et à mesure que le champs de conscience s'élargit, la notion même de Bien et de Mal, expressions que je continuerai d'utiliser pour les commodités de la communication, change de nature et devient de plus en plus subtile, intelligente et sophistiquée, sans jamais disparaître. Le discernement subtil de chaque polarité positive et négative, est l'essence même de l'alchimie et de son pouvoir de transmutation. Sans vouloir pour le moment entrer dans cette pratique de la Haute Magie, ce qui serait prématuré, j'illustrerai mon propos par cette citation du Kybalion, qui contient en contingence d'être, les principes essentiels de la réalisation du Grand Oeuvre, qui est ce à quoi tente de faire accéder l'enseignement de Grillot de Givry :

« Les demi-initiés, reconnaissant la non-réalité relative de l’Univers, s’imaginent qu’ils peuvent défier ses Lois ; ce sont des sots insensés et présomptueux qui vont se briser contre les écueils et que les éléments déchirent à cause de leur folie. Le véritable initié, connaissant la nature de l’Univers, se sert de la Loi contre les lois, du supérieur contre l’inférieur, et par l’Art de l’Alchimie, il transmute les choses viles en des choses précieuses ; c’est ainsi qu’il triomphe. La Maîtrise ne se manifeste pas par des rêves anormaux, des visions et des idées fantastiques, mais par l’utilisation des forces supérieures contre les forces inférieures, en évitant les souffrances des plans inférieurs en vibrant sur les plans supérieurs. La Transmutation, non pas une négation présomptueuse est l’épée du Maître. »

...tandis qu’elles s’éloigneraient pour jamais, triomphantes, dans la Lumière, et te laisseraient seul, au sein des ténèbres grandissantes, leur diazome sinistre s’étendant autour de toi ! ... l'avertissement que donne le maître à son disciple est ici d'une parfaite clarté. La Lumière est la Connaissance, les ténèbres représentent un état d'ignorance, et les « diazomes» les puissances asservissantes qui viendront suppléer les carences et les faiblesses de celui qui n'ayant pas fait l'effort de s'élever vers le ciel, verrait s'éloigner les lumières libératrices et ceux qui se sont élevés jusqu'à elles pour les servir.

Que cette pensée suffise donc à t’inspirer le regret de ta néglection du Magistère des Sages... Magistrale manifestation de haute initiation de la part de Grillot de Givry. Ce qui rendra une âme perverse ou pas, commencera d'abord par la pensée, comme j'ai eu l'occasion d'en faire état longuement dans de précédents articles. Être négligent condamne aux pires perversités, mais pour sortir de cette perversité, encore faut-il parvenir à en prendre conscience, et cette prise de conscience passe par la pensée. La rédemption existe à tous les niveaux, et sur tous les plans, il suffit de la vouloir, et pour la vouloir il faut d'abord y penser. Car cette pensée qui sera de nature à produire le regret si nécessaire à un retour aux pratiques vertueuses du Magistère des Sages, est le repentir sincère qui permet à la Conscience de discerner ce qui est Bien de ce qui est Mal. Il faudra encore, après ce discernement, que la faculté volitive fasse un choix entre ces deux polarités, pour procéder à l'épuration de la Conscience. D'ores et déjà, notons que l'existence du regret reste quand même le début d'une rédemption possible, dont le processus ne demande qu'à être activé s'il est suivi par un effort de volonté. Ce que traduit Grillot de Givry, par cette habile mise en garde : Plût à Dieu qu’il ne soit pas trop tard, et que tu ne te trouves déjà trop avancé dans la vie pour entreprendre de le parachever !

Dans cette formulation il y a cette nécessaire gestion, du temps qui est celui de la durée d'une vie. Si la rédemption reste toujours possible, elle n'implique pas de dispenser l'oeuvrant d'avoir à réaliser le travail qui lui incombe de faire, (le nettoyage des célèbres écuries d'Augias dans les travaux d'Hercule), ce qui serait une entorse à la Justice Divine, qui veut que chacun ne reçoive que selon ses mérites. Non seulement il va falloir prendre Conscience que pour s'élever il faut sortir de la perversité, mais la sortie de cette perversité de pensées et d'actions, ne peut se faire qu'après un long travail de méditation et de pratique, Ora et labora. le temps est donc une donnée essentielle à la réalisation du Grand Oeuvre, et les indications que donne le maître à son disciple sont d'une parfaite limpidité, lorsque l'on en fait une lecture analogique :

Car si l’ascèse n’a pas commencé au sortir de l’adolescence, il est douteux que tu puisses parvenir à la perfection. C’est dans ce sens que Nicholas Valois a dit : « Le Printemps avance l’Oeuvre ». Et Saint-Thomas-d'Aquin : « Dans les premiers jours, il importe de se lever de grand matin et de voir si la vigne est en fleurs ».

La vigne nous renvoie au précédent article concernant le Cantique des cantiques de Salomon...

Le principe même de la grande transmutation alchimique, veut que la transformation d'un état dans un autre supérieur, ne soit possible qu'à la condition d'être parvenu à la perfection de l'état précédent. Dans le cas contraire, il n'est pas possible de parvenir au Magistère des Sages, et le travail alchimique restera inopérant.


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