Et elle dira (la VOIX du SILENCE) :
Si ton âme sourit en se baignant dans le soleil de ta vie ; si ton âme chante dans sa chrysalide de chair et de matière ; si ton âme pleure en son château d’illusion ; si ton âme se débat pour briser le fil d’argent qui l’attache au Maître Le "Grand Maître" est le terme employé par les Lanous ou chélas (disciples) pour indiquer notre "Soi supérieur". C’est l’équivalent d’Avalôkitéshwara, et le même que l’Adi-Bouddha des occultistes bouddhistes, l’Atman (le Soi supérieur des Brahmines et le Christos des anciens Gnostiques. Sache-le, disciple, c’est de la terre qu’est ton âme.
Lorsque ton âme Âme est employée ici pour Ego humain ou Manas, ce qui dans notre division septénaire est appelé "âme humaine", pour la distinguer des âmes spirituelle et animale en bouton, prête l’oreille au tumulte du monde ; lorsque ton âme répond à la voix rugissante de la grande illusion ; Mahâ Mâyâ, "grande illusion", l’univers objectif.
lorsque effrayée à la vue des chaudes larmes de la douleur, assourdie par les cris de détresse, ton âme se retire comme la timide tortue dans la carapace de l’égoïsme, sache-le disciple, ton âme est un tabernacle indigne de son Dieu silencieux.
Quand, devenant plus forte, ton âme se glisse hors de sa sûre retraite, et s’arrachant à son enveloppe protectrice, déroule son fil argenté et s’élance ; quand, apercevant son image sur les vagues de l’espace, elle murmure :"Cela c’est moi" ; avoue, disciple, que ton âme est prise dans le tissu de l’erreur. Sakkâyaditthi, "l’erreur" de la personnalité
Cette terre, disciple, est la salle de douleur ; ici, le long du sentier des dures épreuves, des pièges sont semés pour saisir ton Ego dans l’illusion appelée "la grande hérésie". Attavâda, l’hérésie de la croyance à l’âme, ou plutôt à la séparation de cette âme, ou soi, d’avec le Soi unique, universel et infini.
Cette terre, ô disciple ignorant, n’est que l’entrée sinistre menant au crépuscule qui précède la vallée de vraie lumière, cette lumière que nul ne peut éteindre, cette lumière qui brûle sans mèche ni aliment.
Il est dit dans la grande Loi : "Avant de devenir le connaisseur du TOUT SOI (Le Tattwajnâni est celui qui connaît ou discerne les principes de la nature ou de l’homme : et l’Atmajnâni est le connaisseur d’Atman ou du Soi universel, unique), tu dois être d’abord le connaisseur de ton SOI". Pour arriver à connaître ce Soi, il faut abandonner le soi au non-soi, l’être au non-être ; alors, tu pourras reposer entre les ailes du Grand-Oiseau. Oui, doux est le repos entre les ailes de ce qui n’est pas né, de ce qui ne meurt pas, mais qui est l’AUM Kâla Hamsa "l’oiseau" ou cygne. Il est dit dans la Nâda-Bindou Oupanishad (Rig Véda) : "La Syllabe A est considérée comme son aile droite, U, l’aile gauche, M, la queue, et l’Ardhamâtra (demi-mètre), comme sa tête.", à travers l’éternité des âges. Éternité signifie, pour les Orientaux, toute autre chose que pour nous et indique généralement les 100 années ou l’âge de Brahmâ, la durée d’un Kalpa, ou une période de 4,320,000,000 d’années.
Monte l’Oiseau de vie, si tu veux savoir D’après le Nâda-Bindou, déjà cité, "un Yogi qui monte le Hamsa (qui médite sur Aum) n’est pas affecté par les influences karmiques ni par les milliards de péchés.
Abandonne ta vie, si tu veux vivre. Abandonne la vie de la personnalité physique si tu veux vivre en Esprit.
Trois salles, ô pèlerin fatigué, aboutissent au terme des labeurs. Trois salles, ô conquérant de Mâra, te mèneront par trois états Les trois états de conscience, qui sont Jâgrat, la veille ; Swapna, le rêve ; et Soushoupti, le profond sommeil. Ces trois conditions yogiques mènent à la quatrième. Au quatrième, L’état Touriya, au-delà de l’état sans rêve ; l’état suprême, celui de haute conscience spirituelle. Et de là dans les sept mondes, Certains mystiques sanscrits placent sept plans d’être, les sept Lokas ou mondes spirituels, dans le corps de Kâla-Hamsan, le cygne hors du temps et de l’espace, qui devient le cygne dans le temps, lorsqu’il devient Brahmâ au lieu de Brahma neutre. Les mondes d’éternel repos.
Si tu veux savoir leurs noms, écoute et souviens-toi.
Le nom de la première salle est IGNORANCE, Avidya.
C’est la salle où tu as vu le jour, où tu vis, et où tu mourras. Le monde phénoménal des sens et de la conscience terrestre, seulement.
Le nom de la seconde est la salle d’APPRENTISSAGE. Là ton âme trouvera les fleurs de la vie, mais sous chaque fleur un serpent enroulé. La région astrale, le monde psychique des perceptions supersensuelles et des visions trompeuses,le monde des médiums. C’est le grand "serpent astral" d’Eliphas Lévi. Aucune fleur cueillie dans ces régions n’a encore jamais été rapportée sur terre sans un serpent enroulé autour de sa tige. C’est le monde de la grande illusion.
Le nom de la troisième salle est SAGESSE ; au-delà s’étendent les eaux sans rivages d’AKSHARA, source intarissable de l’omniscience. La région de la pleine conscience spirituelle au-delà de laquelle il n’y a plus de danger pour celui qui l’a atteinte.
Si tu veux traverser sain et sauf la première salle, ne permets pas à ton esprit de prendre pour le soleil de vie les feux de luxure qui y brûlent.
Si tu veux franchir sans danger la seconde, ne t’arrête pas à respirer le parfum de ses fleurs soporifiques. Si tu veux être libre des chaînes karmiques, ne cherche pas ton Gourou dans ces régions mâyaviques.
Les SAGES ne s’attardent pas dans les bosquets des sens.
Les SAGES ne prennent pas garde aux voix mielleuses de l’illusion.
Celui qui doit te donner naissance L’initié qui conduit le disciple, par la connaissance qui lui est donnée, a sa naissance spirituelle ou seconde, est appelé le Père, Gourou ou Maître. cherche-le dans la salle de sagesse, la salle qui s’étend au-delà, où toutes ombres sont inconnues, et où la lumière de vérité resplendit d’une gloire ineffable.
Ce qui est incréé réside en toi, disciple, comme aussi dans cette salle. Si tu veux y atteindre et fusionner les deux, il faut dépouiller tes sombres vêtements d’illusions. Étouffe la voix de la chair, ne laisse aucune image des sens s’interposer entre cette lumière et la tienne, afin que les deux puissent se fondre en une. Dès que tu auras appris ta propre Ajnâna, Ajnâna est l’ignorance ou la non-sagesse, l’opposé de la connaissance ou Jnana. fuis la salle d’apprentissage. Cette salle est dangereuse dans sa perfide beauté, et n’est utile que pour ta probation. Prends garde lanou, qu’éblouie par un rayonnement illusoire ton âme ne s’attarde et ne se prenne à cette clarté décevante.
Cette clarté rayonne du joyau du grand ensorceleur (Mâra). Mâra dans les régions exotériques est un démon, un asoura : mais en philosophie ésotérique, il est la personnification de la tentation par les vices des hommes, et, traduit littéralement, signifie "ce qui tue" l’âme. Il est représenté comme Roi (des mâras), avec une couronne où brille un joyau d’un tel éclat, qu’il aveugle ceux qui le regardent : cet éclat est évidemment une allusion à la fascination exercée par le vice sur certaines natures. Elle séduit les sens, aveugle le mental, et abandonne l’imprudent comme une épave.
La phalène attirée vers la flamme étincelante de ta lampe nocturne est condamnée à périr dans l’huile visqueuse. L’âme imprudente qui manque l’occasion de saisir à bras-le-corps le démon moqueur de l’illusion reviendra vers la terre esclave de Mâra.
Regarde les légions d’âmes , observe comme elles errent au-dessus de la mer orageuse de la vie humaine, et comment, épuisées, sanglantes, les ailes brisées, elles tombent l’une après l’autre dans les vagues enflées. Ballottées par les vents furieux, poursuivies par l’ouragan, elles dérivent dans les remous et disparaissent dans le premier grand tourbillon.
Si, après avoir traversé la salle de sagesse,tu veux atteindre la vallée de béatitude, disciple, ferme bien tes sens à la grande et cruelle hérésie de la séparation qui te sèvre du reste.
Ne laisse pas ton principe céleste, plongé dans l’océan de Mâya, se détacher de la Mère universelle " L’Ame", mais laisse le pouvoir enflammé se retirer dans la chambre intime, la chambre du coeur La chambre intérieure du coeur, appelée en Sanscrit Brahma-poura. "Le pouvoir enflammé" est Koundalinî. et le séjour de la Mère du monde. "Pouvoir" et "Mère du monde" sont des noms donnés à Koundalinî, l’un des pouvoirs mystiques des Yogis. C’est Bouddhi considéré comme principe actif au lieu de passif (tandis qu’il est généralement passif, quand on ne le considère que comme le véhicule ou l’écrin de l’Esprit suprême, Atma). C’est une force électro-spirituelle, un pouvoir créateur qui une fois éveillé à l’activité peut tuer aussi bien que créer.
Alors, du coeur, ce pouvoir s’élèvera dans la sixième région, la région moyenne, l’endroit entre tes yeux, où il devient le souffle de l’Ame-Une, la voix qui remplit tout, la voix de ton Maître.
C’est seulement alors que tu pourras devenir un promeneur du ciel, Kechara, qui se promène ou va au ciel. Ainsi que l’explique le 6ième Adhyâva de ce roi des traités mystiques, le Jnâneshwari, - le corps du Yogi devient comme formé du vent; comme "un nuage d’où les membres auraient poussé". Après quoi " il (Le Yogi) aperçoit les choses qui sont au-delà des mers et des étoiles : il entend le langage des Dévas et le comprend, et perçoit ce qui se passe dans l’esprit de la fourmi", qui marche sur les vents au-dessus des vagues, sans que ses pas touchent les eaux.
Avant de poser le pied sur le degré supérieur de l’échelle des sons mystiques, tu devras entendre de sept manières la voix de ton Dieu intérieur. Le Soi supérieur
Le premier son est comme la douce voix du rossignol chantant à sa compagne un chant d’adieu.
Le second arrive comme le bruit d’une cymbale d’argent des Dhyânis éveillant les étoiles scintillantes.
Le suivant ressemble à la plainte mélodieuse d’un lutin de l’océan emprisonné dans son coquillage.
Il est suivi du chant de la vina. La vina est un instrument hindou à cordes ressemblant à un luth.
Le cinquième siffle dans ton oreille comme le son d’une flûte de bambou.
Puis il se change en un éclat de trompette.
Le dernier vibre comme le grondement sourd d’une nuée d’orage.
Le septième engloutit tous les autres sons ; ils meurent, et on ne les entendra plus.
Quand les six Les six principes : c’est-à-dire quand la personnalité inférieure est détruite et que l’individualité intérieure est plongée et perdue dans le septième principe ou Esprit, sont tués et déposés aux pieds du Maître, alors l’élève est plongé dans l’Un , Le disciple est un avec Brahma ou l’Atma devient cet Un, et il y vit.
Avant d’entrer dans ce sentier, tu dois détruire ton corps lunaire, La forme astrale produite par le principe kamique, le kama-roupa ou corps du désir. nettoyer ton corps mental, Mânasa-roupa. Le premier, se rapporte au soi astral ou personnel : le second à l’individualité ou L’Ego qui se réincarne, et dont la conscience sur notre plan, ou Manas inférieur, doit être paralysée. et purifier ton coeur.
Les eaux pures de la vie éternelle, claires et cristallines, ne peuvent se mêler aux torrents boueux des tempêtes de la mousson.
La goutte de rosée céleste qui brille aux premiers rayons du matin dans le sein du lotus, devient un morceau d’argile lorsqu’elle tombe à terre : voilà la perle changée en fange.
Lutte avec tes pensées impures avant qu’elles te dominent. Agis avec elles comme elles le feraient avec toi ; si tu les ménages, qu’elles prennent racine et poussent, sache-le bien, ces pensées te terrasseront et te tueront. Prends garde, disciple, ne souffre même pas que leur ombre t’approche ; car, croissant en grandeur et en force, cette chose de ténèbres, absorbera ton être avant que tu aies bien pu te rendre compte de la sombre présence du monstre impur.
Avant que le pouvoir mystique Koundalini soit appelé le pouvoir serpentin ou annulaire à cause de son travail ou progrès en spirale dans le corps du Yogi qui développe ce pouvoir en lui-même. C’est un pouvoir électrique, igné, occulte ou fohatique, la grande force primitive cachée sous toute matière organique et inorganique, puisse faire de toi un dieu, lanou, tu dois avoir acquis la faculté de tuer à volonté ta forme lunaire.
Le soi de matière et le Soi de l’esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L"un doit disparaître, car il n’y a pas place pour deux.
Avant que l’esprit de ton âme puisse comprendre, le bourgeon de la personnalité doit être écrasé, et le ver des sens détruit sans résurrection possible.
Tu ne pourras parcourir le Sentier avant d’être devenu ce Sentier même. Il est parlé de ce Sentier dans toutes les oeuvres mystiques. Comme dit Krishna dans le Jnâneshwari : "quand ce sentier est aperçu, que l’on se dirige vers la floraison de l’orient ou les chambres de l’ouest, sans mouvement, ô porteur de l’arc, est le voyage sur cette route. Dans ce sentier, quelque part qu’on veuille aller, cet endroit, devient vous-même". "Tu es le sentier".
Laisse ton âme prêter l’oreille à tout cri de douleur, comme le lotus met son coeur à nu pour boire le soleil matinal.
Ne permets pas à l’ardent soleil de sécher une seule larme de souffrance, avant que tu n’aies toi-même essuyé les yeux affligés.
Mais laisse toute larme humaine tomber brûlante sur ton coeur et y rester, et ne l’en efface jamais avant que soit disparue la douleur qui l’a causée.
Homme au coeur plein de compassion, ces larmes sont les ruisseaux qui arrosent les champs de l’immortelle charité. C’est dans ce terrain-là que croît la fleur de minuit de Bouddha, L’Adeptat, la "floraison de Bodhisattva", plus difficile à trouver, plus rare à contempler que la fleur de l’arbre Vogay. C’est la semence de la libération des renaissances. Elle isole l’Arhat de la lutte et de la convoitise, et le mène, à travers les champs de l’être, vers la paix et la béatitude connues seulement au pays du silence et du non-être.
Si vous avez studieusement suivi la progression des articles précédents de l'académie d'Hermès Trismégiste, la lecture de cet extrait de la VOIX du SILENCE, sera d'une parfaite limpidité et un rapide résumé de ce qui a déjà été traité, il est donc inutile d'en faire le commentaire, mais si vous avez quelque chose à y ajouter, n'hésitez pas...
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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...------------------------------------------------------------------------------------------------------------------