mardi 24 juin 2008

Pause poétique.

Bénédiction

Recueil : Les fleurs du mal, Charles BAUDELAIRE (1821-1867)


Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

- " Ah ! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation !

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés ! "

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix ;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats ;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques :
" Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer ;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins !

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain ! "

Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux :

- " Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête,
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair ;

Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! "


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vendredi 20 juin 2008

Travaux Pratiques 11.

Petit sentier de probation.


La Connaissance est le savoir éprouvé. Au fil des articles de l’académie d’Hermès Trismégiste je m’efforce d’ouvrir les livres de la Science Hermétique et de son langage analogique qui est celui qui fait le plus appel aux facultés supérieures. Par mes petits commentaires, j’espère vous donner quelques outils qui en facilitent la pratique et la compréhension. Le meilleur moyen de mesurer vos progrès est encore de mettre vos acquis à l’épreuve par une pratique régulière. Dans ce dessein je vous propose une série de petits travaux pratiques basés sur l’un des textes de la grande tradition hermétique occidentale, le plus connu du plus grand nombre, et pourtant le plus mal compris, je veux parler de la Divine Comédie de Dante Alighieri, traduction de Rivarol.


Je soumets chaque extrait à votre méditation et à votre capacité à en pénétrer les Sens Parlant, Signifiant et Cachant. Libre à vous de nous faire partager par vos commentaires, l’interprétation que vous en faites. Ceux qui feront l’effort de ce partage, seront nécessairement sur le sentier de probation, celui qui consiste à soumettre courageusement ses connaissances à l’épreuve. Ils s’apercevront aussi rapidement qu’en acceptant cet exercice régulier, ils progresseront dans la maîtrise du langage analogique, s’ouvrant par la même de nouvelles perspectives spirituelles.


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L’enfer de Dante : Chant I. Suite 11.

Par sa nature, elle est si méchante et perverse,
qu'on ne peut assouvir son affreux appétit,
car plus elle dévore, et plus sa faim s'accroît.

On la voit se croiser avec bien d'autres bêtes,
dont le nombre croîtra, jusqu'à ce qu'un Lévrier
vienne, qui la fera mourir dans les tourments.

Il ne se repaîtra de terres ni d'argent,
mais d'amour, de sagesse et de bénignité,
et son premier berceau sera de feutre à feutre.

Il sera le salut de cette humble Italie
pour laquelle sont morts en combattant la vierge
Camille avec Turnus, Euryale et Nissus.

C'est lui qui chassera la bête de partout
et la refoulera jusqu'au fond des Enfers,
d'où le Malin envieux l'avait d'abord tirée.



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lundi 16 juin 2008

Tablettes de Thoth : 1.10.



Livre d’Hermès Trismégiste, Tablettes d’Emeraude de Thoth : 1.10

C’est à cette époque que j’ai ouvert un passage vers l’Amenti afin de régénérer mes pouvoirs et pour survivre d’une époque à l’autre, comme un Soleil d’Atlantis, en conservant la sagesse et en préservant la Mémoire ancestrale.

Avec le pouvoir qui neutralise la gravité, j’ai élevé au dessus de ce passage une énorme pyramide. En son sein j’ai construit une chambre secrète d’où part un passage circulaire qui mène presque au grand sommet.

Là, dans son Apex, j’ai installé un cristal qui envoyait un rayon dans l’espace temps afin d’attirer la force provenant de l’Éther et la concentrer sur le passage de l’Amenti. J’y ai construit d’autres chambres que j’ai laissées vides, mais qui cachent les clefs de l’Amenti.

L'enseignement de ces mystérieuses Tablettes de Thoth est d'une richesse et d'une subtilité qui interpelle émotionnellement même le profane le plus inculte, mais dont les volutes et arborescences délicates se révèlent, à l'intuition et au mental, uniquement des travailleurs assidus.

Après avoir mis à l'épreuve l'étendue de ses connaissances, en devenant le serviteur d'un peuple encore à l'état d'enfance, notre guide, à la fin d'une mission en conformité éthique avec le groupe spirituel auquel il appartient, ouvre un passage vers l'Amenti. Nous retrouvons ici la pratique de la Haute Magie se trouvant dans la Table d'Émeraude : il monte de la terre au ciel... Le grand initié, que dis-je, ce grand Hiérophante possède cette faculté supérieure active qui lui permet de passer d'un état terrestre à un état céleste selon sa volonté.

La formule : ouvrir un passage vers l'Amenti, nous indique aussi qu'il a acquis la parfaite Connaissance et la totale Conscience du temporel et de l'intemporel, du mortel et de l'immortel. Puissante révélation que celle-ci, car elle nous informe que si nous avons la sensation d'être vivant, lorsque nous sommes dans la sphère organique, nous le devons essentiellement à l'ouverture et l'élargissement de notre champ de Conscience. Lorsque nous sommes en état de sommeil, de somnambulisme, de coma intellectuel ou spirituel, de malaise, ou encore en état d'inconscience infantile, nous ne pouvons prétendre être véritablement vivant, même si d'un point de vue purement biologique et scientifiquement moderne, nous ne sommes pas cliniquement morts. D'ailleurs, je n'en veux pour preuve que la période de la très petite enfance, ou bien l'état intra-utérin, périodes dont nous ne conservons aucun souvenir, pour cause justement d'inconscience. Cet état d'inconscience ne nous a pas laissé dans notre mémoire, le sentiment, ou la trace d'un vécu qui nous soit propre lors de cette période d'évolution, comme celui que laissera la suite plus ou moins consciente de la vie post infantile. Nous pouvons donc d'ores et déjà déduire, avec une lecture subtile, l'existense de deux états concomitants de l'âme-de-vie, la cohabitation non paradoxale de mortalité et d'immortalité. L'âme-de-vie, par décret Divin, est par essence immortelle, sans début ni fin, et ce, pour l'éternité. La notion de naissance ne constitue donc pas un début à cette âme-de-vie, mais un début de l'émergence d'un niveau de la Conscience à une réalité qu'elle perçoit au travers de l'épreuve, et qui devient la sienne propre : sa vie. Cet état de Conscience s'il a un début, peu aussi avoir une fin ; s'il naît, il peut aussi mourir... Nous entrons là dans une distinction fine et délicate, entre le mortel et l'immortel. L'âme-de-vie est immortelle, mais elle n'est pas pour autant vivante tant qu'elle reste dans l'état de béatitudes d'un inconscient collectif dont rien ne la sépare et lui donne une spécificité (une ipséité) particulière. Dans cet état d'inconscience elle n'est qu'une cellule d'un corps collectif qui lui a conscience de cette cellule qui le fait vivre. Ce n'est qu'au fur et à mesure qu'elle élargira son champ de Conscience, par la pratique des mises à l'épreuve, qu'elle acquerra, par enrichissement de son patrimoine karmique, d'abord une Conscience égotique, et si elle poursuit son évolution, une Conscience astrale et Mentale. Lorsque l'âme-de-vie se complaît dans l'état de Conscience égotique, elle vie de par la constitution de son patrimoine karmique, mais elle est mortelle, c'est-à-dire que tant qu'elle ne parvient pas à se hisser à la perfection de cet état égotique, elle ne peut espérer en franchir le seuil qui lui permettrait de sortir des cycles de réincarnation, celui de vie et de mort, devant par les successions d'épreuves, lui procurer cet état de Conscience compatible avec non plus le temporel, mais l'Éternel Moment Présent.

En vérité la mort ne peut être qu'une illusion qui résulte soit de l'inconscience la plus totale, soit de l'ignorance dans laquelle la Conscience s'enferme volontairement, soit de l'oubli pour cause de mémoire uniquement périssable.

Pour bien assimiler cette notion de cohabitation au sein de l'âme-de-vie du mortel et de l'immortel, il faut garder en Mémoire (avoir pleine Conscience) les différents sujets publiés dans l'académie d'Hermès Trismégiste. La faculté d'identification que nous possédons tous, est ce qui permet à la Conscience de croire qu'elle est la forme qu'elle occupe, et uniquement cette forme, pendant au moins le temps nécessaire à l'épuisement de cette expérience. Ceci rejoint le sujet traitant de la pensée et de la forme, et du pouvoir de cette pensée de se manifester dans une forme en rapport avec sa propre conviction d'être (identification). Mais si nous nous réincarnons dans une forme en occupant tous les niveaux d'évolution qu'elle comprend, - que ce soit celle d'un pygmée ou celle d'un puissant empereur -, n'oublions pas, comme le stipulent si justement les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, que l'âme-de-vie a reçu le sceptre du pouvoir qui lui permet de régner dans toutes les formes, et au travers de cette souveraineté, de parvenir à éprouver le plus largement qu'il soit possible, l'étendue du champ de cette Conscience. Ce qui se traduit par la fameuse chute d'Adam et sa rédemption au travers de son long repentir que constitue la traversée du jardin du "Bien" et du "Mal".

Sortir de l'état d'inconscience, progressivement, laborieusement, péniblement, dans la souffrance et le désespoir des innombrables désillusions, ne se fait pas d'une façon mécanique, et encore moins sous la contrainte. Cela dépend uniquement du libre arbitre de chaque âme-de-vie, qui s'exprime par l'activation de la faculté volitive. Là encore, les Tables de la Loi du Sépher de Moïse démontrent qu'elles sont le véritable Enseignement majeur, par l'exemple de ce couple inséparable que sont Adam et Eve (l'époux et l'épouse du Cantique des cantiques) l'âme-de-vie et la Volonté. Cette Volonté qui ira parcourir tous les champs du possible dans la sphère temporelle, pour ramener à l'âme-de-vie, qui se tient en sommeil dans l'Éternel Moment Présent, sa moisson d'expériences et de richesses qu'elle récoltera à chaque épreuve de vie incarnée. Lorsque le champ de la Conscience n'occupe qu'un faible état de développement, laissant l'essentiel de la place à l'inconscience, cette Conscience devra subir les règles de causalité du Destin au travers des lois rigides et asservissantes qui constituent les cycles de vies et de morts. Ce n'est que lorsque cette Conscience parvient, par l'activation de ses pouvoirs, directement en relation avec la Haute Magie, à s'affranchir volontairement des lois de causalité du Destin, qu'elle peut alors sortir de la sphère temporelle pour s' IDENTIFIER en toute Conscience à l'Éternel Moment Présent. L'âme-de-vie qui ne s'était jusqu'alors identifiée qu'au mortel, s'ouvre sur un plan supérieur, celui de l'immortalité qui devient alors une réalité parfaitement objective, pendant que l'état de mortalité révèle son véritable statut d'illusion. La Conscience qui est née à la vie organique, une multitude de fois, renaît à son immortalité par cette prise de Conscience, le Roi remonte sur son trône le sceptre de pouvoir à la main. Ceci permet de comprendre qu'il n'y a pas de début ou de fin à l'immortalité, et qu'une âme-de-vie est de toute éternité immortelle, sinon elle ne pourrait jamais le devenir. Mais être sans Conscience, et il est amplement démontré que cela est possible, c'est ne pas être, ou tout du moins ne pas être plus que ce à quoi nous nous identifions, et c'est hélas pour beaucoup d'entre nous, pas grand chose d'autre qu'une vague idée...

Donc pour en revenir au sujet qui est l'objet du présent article, l'Amenti, qui est cet état d'intemporalité auquel il est possible d'accéder, ne s'ouvre que pour les âmes-de-vie qui sont capables d'en avoir une totale « Conscience », si l'accession à cet état, à commencer par une Foi fervente, l'effort de la volonté pour en éprouver la subtile réalité, a transformé cette Foi en Connaissance venant enrichir le patrimoine karmique de la Conscience. Nos anciens et illustres navigateurs, n’ont d'abord eu la Foi qu'aux confins des océans il n'y avait pas des abîmes, mais des terres à découvrir, et ce n'est que lorsqu'après un acharnement et des luttes incessantes ayant demandé la pratique de facultés supérieures comme la volonté, le courage, l'obstination, l'intelligence, la ferveur et tant d'autres vertus, qu'ils sont parvenus à en démontrer la réalité. Après, les lignes de communication se sont naturellement établies, permettant de passer d'une terre à une autre, d'un continent à un autre, selon le libre arbitre et la volonté des voyageurs.

...afin de régénérer mes pouvoirs et pour survivre d’une époque à l’autre... Ne dirait-on pas l'expression d'un de ces voyageurs retrouvant son port d'attache et ses racines, et qui profite de ce retour pour se refaire une santé et reconstruire ses forces avant que de repartir vers de nouvelles aventures ?... Là encore, les Tablettes de Thoth nous délivrent une précieuse indication, en parfaite conformité avec les enseignements les plus ésotériques, et que je pourrais traduire de la façon suivante : si l'épreuve du voyage au travers du jardin du "Bien" et du "Mal" permet de rapporter des richesses, elle épuise les forces embarquées dont la source est l'énergie vitale. La mise à l'épreuve de la volonté dans la sphère temporelle nécessite une dépense de cette énergie vitale, qui ne se reconstitue que pendant la présence dans l'Éternel Moment Présent. Ceci démontre admirablement le statut de source énergétique énépuisable de l'Éternel Moment Présent, ce à quoi ne pourra jamais prétendre la sphère de la temporalité organique qui consomme de l'énergie sans en produire. La naissance dans cette sphère se traduit donc par un influx de cette énergie qui ira jusqu'à sa plus complète expression, pour finir inéluctablement par s'épuiser totalement. L'étincelle de Vie qui a embrasé cette forme, persistera jusqu'à ce qu'elle soit complètement consumée.

...comme un Soleil d’Atlantis, en conservant la sagesse et en préservant la Mémoire ancestrale.... Magnifique précision que celle que contient cette formulation. La Conscience non périssable est inséparable de la sagesse, voilà qui nous balise remarquablement la route à suivre ; et elle se préserve (ce qui signifie ici quelle survie à la forme périssable) par la conservation de la Mémoire ancestrale... La Mémoire comporte un "M" de majesté qui la distingue de la mémoire organique périssable. Il s'agit donc bien de la Mémoire cette faculté supérieure, grâce à laquelle, au fur et à mesure de nos expériences de vies incarnées, nous parvenons à retrouver qui nous sommes, et surtout qui nous avons toujours été, ceci ne peut se faire que par la Mémoire ancestrale, pour la simple et bonne raison que ce qui sera fut !

Avec le pouvoir qui neutralise la gravité, j’ai élevé au dessus de ce passage une énorme pyramide... Je serais tenté de poser la question : qu'est-ce donc que ce pouvoir qui neutralise la gravité ?...

Pour ceux qui n'auraient pas parfaitement suivi le cheminement subtil de ce début des Tablettes de Thoth, je rappelle qu'il ne s'agit plus de construire une pyramide terrestre, mais que nous sommes dans l'Amenti, l'état où s'exerce la Haute Magie. Lors de précédents articles, j'ai eu l'occasion d'expliquer que dans l'Éternel Moment Présent, il ne s'agit pas de construire avec des pierres et du mortier, mais uniquement avec la puissance vibratoire de la pensée qui se traduira par une forme lors de sa manifestation. La puissance vibratoire de cette pensée est bien celle qui s'exerce en dehors de la gravité (loi de causalité du Destin) qu'elle parvient, par les exercices et les pratiques précédemment expliquées, par neutraliser. La pyramide est ici la forme de concentration et de transmission de Connaissances du supérieur vers l'inférieur. En partant d'une forme pyramidale terrestre, si nous poursuivons les lignes de chacune de ses arêtes au-delà du fini, en construisant des lignes imaginaires vers l'infini, nous constaterons qu'elles passent par un point de concentration qui se trouve au sommet de la pyramide solide pour se répandre dans l'espace dans une forme pyramidale imaginaire inversée (en pensée) et sans limite. Un peu comme si un entonnoir invisible déversait des forces elles aussi invisibles qui passeraient par ce point d'incarnation de chaque pyramide (visible et invisible) pour en manifester les pouvoirs dans une forme concrète.

... En son sein j’ai construit une chambre secrète d’où part un passage circulaire qui mène presque au grand sommet... Toujours dans la pensée forme, il nous est indiqué que la communication entre la pensée et la forme se fera par un passage circulaire (cycles de réincarnations) devant mener au grand sommet...

Là, dans son Apex, j’ai installé un cristal qui envoyait un rayon dans l’espace temps afin d’attirer la force provenant de l’Éther et la concentrer sur le passage de l’Amenti.... Dans son Apex signifie : dans la pointe, le sommet de la pyramide. La formulation rejoint parfaitement ce que j'explique ci-dessus concernant la forme pyramidale (pensée) qui servirait d'entonnoir à la force provenant de l'éther qui se concentre sur le passage de l'Amenti qui n'est qu'un point dans un cercle de manifestations, mais de ce point tout émane.

Lorsqu'il est évoqué un cristal, dans cet extrait des Tablettes de Thoth, ma faculté intuitive me renvoie à ce que les Orientaux appellent : le joyau dans le lotus, et que je formule comme la Pensée du Divin Créateur grâce à laquelle je suis, et sans laquelle je ne serai pas.

J’y ai construit d’autres chambres que j’ai laissées vides, mais qui cachent les clefs de l’Amenti... Encore une fois, l'indication est admirable de subtilité, et elle rejoint ce passage du Filet d'Ariadne qui prétend que les alchimistes:

Feignent diverses opérations, séparations et divers poids qu'ils appellent tantôt d'une manière, tantôt d'une autre. Ils écrivent beaucoup de choses qu'ils ne font pas, par exemple lorsqu'ils parlent de la dissolution, distillation, descention, ablution et calcination de la Pierre, ils font un Chapitre à part de chacune, encore que ce ne soit qu'une seule et même opération, qu'ils ne font pas ; mais bien la Nature seule, avec l'aide de l'Art.

Ceux qui cherchent depuis des lustres, la fameuse salle secrète dans la pyramide de pierre, qui contiendrait des documents mystérieux et révélateurs, venant d'une antique civilisation disparue, risquent d'en être pour leurs frais... Toutes les chambres sont vides, mais contiennent les clefs de l'Amenti... Je pourrais parfaitement éclairer en langage Parlant ce curieux paradoxe, mais il me paraît si facile à comprendre, surtout après ce qui précède, que je ne succomberai pas au plaisir futile d'enfoncer des portes si largement ouvertes.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce passage d'une si grande richesse, et d'une si redoutable précision, mais je laisse à chacun la possibilité d'exercer son intuition mentale sur ce qui reste à ronger et qui est si copieux.



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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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vendredi 13 juin 2008

Travaux Pratiques 10.

Petit sentier de probation.


La Connaissance est le savoir éprouvé. Au fil des articles de l’académie d’Hermès Trismégiste je m’efforce d’ouvrir les livres de la Science Hermétique et de son langage analogique qui est celui qui fait le plus appel aux facultés supérieures. Par mes petits commentaires, j’espère vous donner quelques outils qui en facilitent la pratique et la compréhension. Le meilleur moyen de mesurer vos progrès est encore de mettre vos acquis à l’épreuve par une pratique régulière. Dans ce dessein je vous propose une série de petits travaux pratiques basés sur l’un des textes de la grande tradition hermétique occidentale, le plus connu du plus grand nombre, et pourtant le plus mal compris, je veux parler de la Divine Comédie de Dante Alighieri, traduction de Rivarol.


Je soumets chaque extrait à votre méditation et à votre capacité à en pénétrer les Sens Parlant, Signifiant et Cachant. Libre à vous de nous faire partager par vos commentaires, l’interprétation que vous en faites. Ceux qui feront l’effort de ce partage, seront nécessairement sur le sentier de probation, celui qui consiste à soumettre courageusement ses connaissances à l’épreuve. Ils s’apercevront aussi rapidement qu’en acceptant cet exercice régulier, ils progresseront dans la maîtrise du langage analogique, s’ouvrant par la même de nouvelles perspectives spirituelles.


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L’enfer de Dante : Chant I. Suite 10.

Regarde l'animal qui m'a fait reculer !
Ô fameux philosophe, aide-moi contre lui,
car rien que de le voir, je me sens frissonner ! »

« Il te faut emprunter un chemin différent,
répondit-il, voyant des larmes dans mes yeux,
si tu veux t'échapper de cet horrible endroit ;

car la bête cruelle, et qui t'a fait si peur,
ne permet pas aux gens de suivre leur chemin,
mais s'acharne contre eux et les fait tous périr.


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mercredi 11 juin 2008

Chronique intermédiaire 14

La Perfectibilité.


La perfectibilité est comme le phénomène de résonance, une fonction et non une puissance qui elle, possède son énergie propre. La perfectibilité résulte d'une part de notre état d'imperfection, et d'autre part, de notre capacité à en sortir par étapes successives, dans le dessein de nous diriger vers cet horizon sans fin qu'est la Perfection de l'immuable Vérité Absolue.

Certaines natures pessimistes, pourraient se dire : puisque l'horizon de la Perfection est éternellement hors de portée, à quoi bon se lancer dans cette quête sans espoir?...

Certes, la Perfection absolue n'est pas et ne sera jamais à notre portée, mais ce serait oublier qu'il existe une infinité de perfections relatives, comme il existe une même infinité de vérités relatives, mais avant d'aller trop vite en besogne, revenons sur cette fonction et les effets qu'elle implique.


Si la perfectibilité n'existait pas, nous serions éternellement condamnés à n'être que ce que nous sommes, sans jamais la moindre espérance d'en sortir. Il est vrai que l'extrême lenteur d'évolution de certaines âmes-de-vie, pourrait donner cette fâcheuse impression, mais ici ce n'est pas la perfectibilité qui est en cause, uniquement l'indolence et la paresse de ces âmes-de-vie. Si la perfectibilité n'existait pas, il n'existerait pas davantage de possibilités de régression ; pas d'évolution, pas d'involution, pas de transmutation de l'énergie vitale, pas d'Alchimie Divine. Là encore, on pourrait fort bien me rétorquer que rien n'empêche qu'il puisse exister une fonction de régression qui condamnerait la moindre création de partir de son plus haut pour n'être, au bout d'un temps plus ou moins long, plus rien dans son plus bas. Mais cette fonction unique de régression devrait avoir un caractère universel, et cette universalité viendrait se heurter à une réalité objectivement constatable et qui est celle d'un univers en expansion... En effet, pour que cet univers soit en expansion constante, même si c'est pour un temps relativement limité (par exemple celle de la vie de Brahma qui est de : 311.040.000.000.000 d'années), il faut nécessairement que le plus simple, la soupe de particules élémentaires des origines, se complexifie sans cesse pour que cet univers s'organise au travers de structures de plus en plus sophistiquées, tout comme la cellule-mère d'un être humain doit impérativement évoluée (se perfectionner) pour aboutir à la forme qui correspond au schéma de son patrimoine génétique. Il ressort de ce qui précède que la régression seule ne peut exister, ni d'ailleurs la stagnation qui viendrait elle aussi buter sur l'expansion de l'univers et de toutes les déclinaisons de ce qui est en haut, venant obligatoirement se répercuter en bas.

La perfectibilité est donc une fonction et un principe universel. Elle implique sa contrepartie qui est la régression, et comme ce qui caractérise la vie est le mouvement, - mouvement qui se retrouve à tous les échelons de la création -, il découle de ceci que la stagnation n'est qu'une illusion issue de l'ignorance, mais ne saurait être une réalité tangible ou intangible. Dans un univers en perpétuel mouvement, rien ne peut être considéré comme immobile, en dehors de la Vérité immuable Absolue qui se trouve, pour cette raison même d'immobilité, ne pas pouvoir appartenir à la création, mais à la non création. La stagnation sera simplement la perception trompeuse qu'aura un observateur qui s'éloignerait plus rapidement d'une chose observée ayant une mobilité plus faible, ou parcourant un trajet en sens inverse. Il ne reste donc bien que deux alternatives à notre mobilité, soit la perfectibilité, soit la régression. La perfectibilité pour l'organisme physique de la sphère temporelle, se fait selon une courbe ascendante vers un pic de croissance, et comme il s'agit de la sphère temporelle qui veut que ce qui a eu un début, doit aussi avoir une fin, lorsque ce pic de croissance est atteint (son état de perfection relative spécifique), commence alors la lente régression qui sera en même temps une érosion de ses capacités et de ses facultés. Mais nous avons précédemment vu dans les différents articles de l'académie d'Hermès Trismégiste, que la forme ne peut exister qu'à la condition qu'une pensée (esprit) l'anime, et que cette pensée n'ait en vérité qu'un vêtement correspondant à la taille de son état de développement. L'esprit qui peut, par décret Divin, prétendre à l'immortalité, ne devient pas immortel à un moment donné (ce qui constituerait un début, impliquant une fin incompatible avec l'infini), mais qu'il l'est de toute éternité. Il ne peut donc pas y avoir pour lui un pic de développement qui enclencherait un processus de régression, comme c'est le cas pour l'enveloppe de la sphère organique temporelle. Ici nous sommes de nouveau confrontés aux différents modes de perception qui séparent l'Éternel Moment Présent de la sphère temporelle. La notion de temps ne se perçoit pas de la même manière en mode temporel ou en mode intemporel, comme je l'ai déjà évoqué dans les précédents sujets ; tout comme la perfectibilité ne se conçoit pas de la même manière dans ces deux états. La perfectibilité d'un organisme dans la sphère temporelle sera suivie de son recyclage au travers des mécanismes de régressions et décompositions, alors que dans l'Éternel Moment Présent il n'est pas possible de rendre mortel ce qui ne l'est pas dans son principe essentiel. La perfectibilité sera donc la possibilité qui sera offerte à l'âme-de-vie de parvenir au pic de développement qu'il sera possible d'atteindre dans une forme donnée, et ce n'est qu'après avoir atteint ce pic de perfection relative, que pourra s'effectuer le changement de forme pour une forme plus évoluée. La régression pour cette âme-de-vie consistera à rester dans une forme, à l'état de développement atteint, tant qu'elle ne sera pas parvenue à atteindre la perfection spécifique à cette forme. Il est probable que cette régression s'étage selon divers degrés à l'intérieur même d'une forme. Pour exemple, prenons l'être humain naissant pauvre dans un pays riche, et qui n'est pas capable, durant son incarnation, de se hisser au niveau moyen de la richesse du pays de naissance (richesse qui s'entend sur le plan matériel, mais aussi et surtout sur le plan spirituel), pourra fort bien se trouver dans l'obligation de se réincarner dans la même situation de pauvreté et dans ce pays ; mais s'il a fait preuve de paresse, d'indolence et de vice, il pourra fort bien renaître encore plus pauvre, mais cette fois dans un pays très pauvre, pour épurer les lourdes accumulations venues polluer son patrimoine karmique.

Si, sur le plan de la matière, un simple atome d'hydrogène (parmi tant d'autres) peut indéfiniment se réincarner au travers d'une multitude de possibilités de formes et d'états, pour parvenir à être un Soleil, combien il doit en être de même pour cet atome qu'est l'âme-de-vie. Ceci est possible grâce à cette fonction de perfectibilité qui est la caractéristique essentielle de ce mouvement perpétuel qu'est la Vie. L'Oeuvre de la Divine Création est un mouvement continu en expansion permanente ; toutes les formes de cette Création sont soumises à ces deux principes de mouvement et d'expansion, et il n'y a pas d'expansion sans perfectibilité constante, comme je l'ai dit ci-dessus.

Sans vouloir entrer dans des détails infiniment complexes, qui résultent des applications de cette fonction, je me limiterai sommairement à la perfectibilité de l'être humain. De sa naissance à sa mort, il passe par différentes formes de développements organiques, qui sont aussi différents états de Conscience, enfin pour les jeunes années, ces états se caractérisent surtout par de l'inconscience. Lorsqu'il atteint le pic de son développement organique (sa perfection physique relative), commence alors l'inéluctable déclin de ce physique, qui entraînera avec lui celui de la Conscience (inconscience) qui ne sera pas parvenue à se libérer de la camisole de cette enveloppe charnelle à laquelle il est resté identifié. Lorsque commence le déclin physique, la Conscience doit être parvenue à atteindre un état de perfection lui permettant de s'affranchir des chaînes avec lesquelles son geôlier corporel, le terrible ego, espère la maintenir en servitude afin de pouvoir l'entraîner dans sa chute. Ceci rejoint le dernier article de la Table d'Émeraude, qui intime comme obligation à l'initié de la Science Hermétique, d'être capable, durant son incarnation, de monter au "ciel", c'est-à-dire de s'affranchir des imperfections de la "terre", ce qui ne s'obtient qu'en parvenant à un haut niveau de perfectibilité spirituelle que procurent la Connaissance et la sagesse. Ainsi, lorsque le corps physique entre en état de régression, la perfectibilité sera le seul salut de l'âme-de-vie.

Cette perfectibilité est une fonction supérieure de l'ordre de la Divine Providence, et comme telle elle ne s'impose jamais, mais se conquiert par adhésion volontaire. Nous avons précédemment vu, que le vice est ce qui occupe la place tant que la vertu ne se manifeste pas. Les maires du palais, usurpent facilement le trône d'un roi fainéant. L'activation de la perfectibilité fera donc appel à la volonté et aux pratiques des vertus. Lorsque sera correctement compris cette fonction essentielle, son application subtile dans le domaine de la Haute Magie se révélera à ceux qui l'intégreront dans leur bagage spirituel. Si je peux me permettre de soulever très brièvement le voile de cette Haute Magie, sur cette noble fonction, qu'il me soit permis d'attirer l'attention du lecteur sur la crédibilité et la confiance qui croissent avec la perfection. Si, sur le plan terrestre l'importance de ce capital de crédibilité et de confiance, permet d'accéder à des niveaux de richesse proportionnels à son développement, en vertu de la sentence de la Table d'Émeraude ( ce qui est en haut est comme ce qui est bas), l'accroissement des richesses spirituelles (possibilités qui se traduiront dans les applications de la Haute Magie) seront proportionnelles au capital de confiance et de crédibilité que les Puissances supérieures accorderont à cette âme-de-vie responsable activant volontairement et sans cesse sa perfectibilité.

Nous avons vu que la roue des réincarnations, admirable lame du livre de Thoth connue sous le nom de Roue de Fortune, symbolisait la nature des cycles de perfectionnement. Sortir d'un cycle , implique que nous soyons parvenus à la perfection de celui-ci qui comprend toujours une plongée vers le nadir avant de pouvoir en effectuer la remontée vers le zénith. Ici nous retrouvons la trame de la chute du péché originel qui veut que l'Adam de la forme glorieuse dans le jardin de l'Éden des béatitudes inconscientes, fasse l'expérience de la perfectibilité qui le fera sortir de cette béatitude inconsciente, pour parvenir à l'extase de la supraconscience, après avoir traversé le jardin du "Bien" et du "Mal". L'acceptation du processus de perfectibilité est donc la voie de sa rédemption ; rédemption qui passe inévitablement par un repentir sincère, et donc Conscient. C'est aussi celle de l'ensemble de la progéniture d'Adam et Eve, dont nous faisons partie par filiation directe, comme le stipulent les Tables de la Loi du Sépher de Moïse.

Indication qui me paraît d'une certaine utilité : si la perfectibilité est en corrélation avec le mouvement, sa pratique est donc elle aussi un mouvement qui se doit d'être constant sous peine de régression. Ceci pour dire, pour les touristes de l'élévation spirituelle, qu'il n'y a pas un instant plus ou moins long à consacrer à la pratique de la perfectibilité, mais que la perfection d'un état ne s'obtient qu'à la condition que cette pratique soit constante... Faire bien son ouvrage un jour de temps en temps, ne permettra jamais de parvenir à la perfection de l'oeuvre. Et si la noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant, comme le dit si justement Grillot de Givry, le temps qu'il faut pour atteindre la perfection d'une incarnation est : toute une vie sans qu'il en manque une seule seconde !

La perfectibilité se fait à l'intérieur de cycles, qui doivent, lorsque leur développement est régulier et harmonieux, former une spirale ascensionnelle. Atteindre la plus haute tonalité vibratoire dans une forme, permet de se hisser à la plus basse tonalité vibratoire de la forme supérieure, et ainsi de suite. Car n'oublions pas que chaque incarnation se fait sur la base de la plus haute tonalité vibratoire obtenue lors de la précédente. La Justice Divine étant parfaite, elle exclut nécessairement passe-droits et privilèges. A chacun selon son mérite, selon le niveau de perfectibilité atteint.


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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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lundi 9 juin 2008

L'alchimie d'Hermès



Ils disent que dans leur Art, on ne parle pas vulgairement : d'où s'ensuit qu'il n'y a rien de si fâcheux et dégoûtant que la lecture de leurs Livres, parce qu'on n'y peut rien comprendre sans avoir les clefs propres pour ouvrir les portes de leurs cabinets, qui sont au nombre de trois principales, outre quelques autres de moindre importance. Ces principales sont, la vraie matière, sa préparation, et le régime, lesquelles clefs, tous ces Chercheurs n'ont jamais trouvées chez les bons Artistes, et ne les trouveront point, sans les deux moyens ci-dessus.

Ils ont donc enseigné plusieurs régimes, quoiqu'il n'y en ait qu'un ; ils disent prenez ceci, prenez cela, et il ne faut rien prendre ni ajouter ; car la nature contient en soi tout ce qui est nécessaire, et il ne faut point non plus ouvrir le vaisseau qui a été une fois scellé et fermé, jusqu'à ce que l'Artiste ait conduit son ouvrage à sa dernière perfection.

Ils confondent aussi souvent la matière avec leur mercure, parlant de sublimation, ils la nomment diversement. Ils feignent diverses opérations, séparation et divers poids qu'ils appellent tantôt d'une manière, tantôt d'une autre. Ils écrivent beaucoup de choses qu'ils ne font pas, par exemple lorsqu'ils parlent de la dissolution, distillation, descention, ablution et calcination de la Pierre, ils font un Chapitre à part de chacune, encore que ce ne soit qu'une seule et même opération, qu'ils ne font pas ; mais bien la Nature seule, avec l'aide de l'Art.

Dans cet extrait, le Filet d'Ariadne nous révèle certaines clés essentielles au décryptage des traités d'alchimie. Ces clés ne sont pas pour autant des sésames qui ouvriront les portes de la Connaissance, sans que le moindre effort soit fourni. J'ai déjà expliqué, lors de précédents articles dans l'académie d'Hermès Trismégiste, que la montée au "ciel" et la descente en "terre" pour qu'elles soient accessibles à la volonté de la Conscience, cette dernière doit parvenir à en maîtriser les changements d'état et les transmutations que cela implique. À ce sujet je ne peux que renvoyer à la lecture attentive du texte introductif qui se trouve dans la salle de l'Alchimie dans le Temple d'Hermès Trismégiste .

Ils disent que dans leur Art, on ne parle pas vulgairement... Les lecteurs habituels des articles de l'académie d'Hemès Trismégiste seront familiarisés avec cette notion de "Vulgaire" , qui nous renvoie à l'épais, opposé à cet Art savant similaire au subtil de la Table d'Émeraude. Nous devons aussi discerner par cette indication ce qui est visible de l'invisible, l'esprit de la matière, la forme naturée de la forme naturante, le temporel de l'intemporel...

...d'où s'ensuit qu'il n'y a rien de si fâcheux et dégoûtant que la lecture de leurs Livres, parce qu'on n'y peut rien comprendre sans avoir les clefs propres pour ouvrir les portes de leurs cabinets... Combien je comprends l'esprit de cette formulation. Ceux qui se sont livrés à la lecture des textes alchimiques, avec pour seul viatique les acquis de leur intellect raisonneur, reposant sur un savoir uniquement basé sur les lois de causalité d'une science matérialiste, et d'une perception linéaire du temps, se sont heurtés à une immense incompréhension à l'image de ces explorateurs découvrant une terra incognita au sein de laquelle, toutes les références et valeurs qui structurent leur entendement, n'avaient plus cours légal... Probablement que la confrontation de la science physique traditionnelle à celle de la physique quantique, a dû produire sur beaucoup d'esprit le même phénomène déstabilisant. Pour illustrer ce propos, je prendrais pour exemple ce merveilleux conte ésotérique qu'est Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Cette chère Alice venant d'un monde semblable au nôtre, se trouve totalement égarée lorsqu'elle pénètre dans un monde qui de prime abord lui semble totalement absurde, avant d'en découvrir sa cohérence qui se révèle si proche de l'univers quantique, au point que la physique utilise l'analogie du Chat du Cheshire de ce conte pour expliquer certains états de la matière qui est et n'est pas en même temps... Pour comprendre ce monde si différent et d'apparence absurde, Alice a besoin d'un guide qui sera le lapin blanc. Pour comprendre les textes de l'Art des alchimistes, il faut aussi des clés pour ouvrir les portes de leurs cabinets.

... qui sont au nombre de trois principales, outre quelques autres de moindre importance. J'aurais tendance à considérer ces trois clés principales, comme ayant une certaine ressemblance avec le Ternaire Divin que j'ai eu à traiter lors des tout premiers articles et qui sont, je rappelle ici pour mémoire les trois puissances que nous définit Fabre d'Olivet comme : La Providence, la Conscience et le Destin. La hiérarchie qui s'établit naturellement dans la création, ayant pour effet de classer en moindre importance, de subordonner je devrais plutôt dire, les autres clés (puissances) qui dépendent de ces trois principales..

Ces principales sont, la vraie matière, sa préparation, et le régime, lesquelles clefs, tous ces Chercheurs n'ont jamais trouvées chez les bons Artistes, et ne les trouveront point, sans les deux moyens ci-dessus.... Pas question dans cet article de donner la moindre idée précise de ce qu'est cette vraie matière, sa préparation et le régime auquel il est fait référence, comme le disent si justement les véritables alchimistes, si cet Art commence comme un jeu d'enfant, il devient très vite semblable aux travaux d'Hercule. Je signale juste dans ce passage une précision que vous devez retenir et qui est : et ne les trouveront point, sans les deux moyens ci-dessus. Comme ce qui est ci-dessus a déjà été traité, il vous suffit de vous remémorer ces moyens, ce qui vous donnera une tonalité en résonance avec de précédents articles, sur des sujets d'apparence différents, mais pourtant si proches et en rapport direct avec cet Art de transmutation qu'est l'alchimie.

Ils ont donc enseigné plusieurs régimes, quoiqu'il n'y en ait qu'un... Il convient d'entendre le terme régime dans le sens de l'ensemble de règles et de dispositions opératives. Bien que la formulation soit un peu obscure, elle nous enseigne pourtant que s'il y a une multitude d'effets, la cause est toujours unique ou pour être plus précis, qu'il convient toujours de remonter aux Principes.

... ils disent prenez ceci, prenez cela, et il ne faut rien prendre ni ajouter... Ici réside, me semble-t-il, une indication particulièrement précieuse, qui rejoint un peu le principe du Chat du Cheshire, car il faut effectivement prendre sans prendre, et ajouter sans ajouter, mais voyons ce que nous dit la suite :

... car la nature contient en soi tout ce qui est nécessaire... Bon, je vais vous donner une indication qui sera de nature à vous ouvrir la porte de cet arcane, et cette indication c'est le dernier article traitant le sujet de Jacob Boehme et de l'Éternel Moment Présent.

...et il ne faut point non plus ouvrir le vaisseau qui a été une fois scellé et fermé, jusqu'à ce que l'Artiste ait conduit son ouvrage à sa dernière perfection... Ceci nous renvoie aux méditations sur le Grand Oeuvre de Grillot de Givry, et ne peut véritablement se comprendre que dans son sens le plus hermétique, celui qui n'a rien à voir avec le langage vulgaire.

Ils confondent aussi souvent la matière avec leur mercure... Ce qui revient à confondre la substance avec l'essence qui lui donne corps, mais qui subsistera lorsque la substance aura disparu...

...parlant de sublimation, ils la nomment diversement... Comment pourrait-il en être autrement, dans le monde de la sphère temporelle il y a aussi différents noms concernant les états visibles de sublimation qui vont du solide au gazeux, du gazeux au plasma ; ou du solide à l'état quantique, et du gazeux au liquide ou l'état de condensat de Bose-Einstein... Chaque phase de sublimation d'un élément porte un nom qui le différencie des autres et correspond à une spécificité propre, mais concerne toujours ce même élément.

Ils feignent diverses opérations, séparation et divers poids qu'ils appellent tantôt d'une manière, tantôt d'une autre.... Nous avons là, la description des particularités du langage analogique et de son application à la Science Hermétique. Ce qui est en bas est comme ce qui est haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas en similitude, mais pas en identité : pour l'accomplissement des merveilles de la chose unique. Alors, comment imaginer que les opérations qui doivent se faire en haut (le "ciel" , l'Éternel Moment Présent) puissent se faire en bas autrement qu'en rapprochant certaines similitudes sans pour autant avoir une complémentarité parfaite puisque l'une est immortelle et l'auntre mortelle. Feindre de faire diverses opérations est ici du même ordre que la pratique de certains rituels relevant plus de la symbolique que de la réalité. Pour un pénitent refaire le rituel du chemin de croix, c'est feindre la passion du Christ, et seulement feindre, ce qui n'enlève rien à la puissance de transmutation spirituelle qui s'effectue lorsque le cérémonial se fait en parfaite résonance vibratoire avec la Foi la plus fervente.

Ils écrivent beaucoup de choses qu'ils ne font pas, par exemple lorsqu'ils parlent de la dissolution, distillation, descention, ablution et calcination de la Pierre... Ce passage est de même nature que le précédent dans son sens Cachant, il ne fait que souligner l'importance du phénomène auquel le lecteur sera confronté tant qu'il ne parviendra pas à la maîtrise de ce langage analogique, des tropes hiéroglyphiques et des symboles qui donnent au sens Cachant une interprétation souvent diamétralement opposée au sens Parlant. Les traités d'Alchimie sont tous rédigés dans le langage Hermétique dont le sens Cachant est le seul qui en révèle la substantifique moelle et les richesses voilées.

... ils font un Chapitre à part de chacune, encore que ce ne soit qu'une seule et même opération, qu'ils ne font pas ; mais bien la Nature seule, avec l'aide de l'Art... Ici la clé se révèle aussi précieuse que délicate à manier. Le passage de l'homogène à l'hétérogène est une déclinaison du Nombre sacré UN, en des Nombres multiples, mais s'il peut y avoir un nombre infini d'effets, ils ont souvent pour origine une cause unique. La compréhension de ce phénomène relève de ce que la Science Hermétique nomme l'analogie des contraires. La polarisation par exemple sexuelle, donnera un aspect féminin et un aspect masculin, distinction très importante en alchimie, mais ce ne sera qu'une distorsion d'un état androgyne originel auquel il conviendra de remonter pour avoir une vision spirituellement juste des choses et intemporelle. Dans cette terra incognita si mouvante et aux repères si fluctuants, il nous est généreusement donné comme Fil d'Ariane de ne pas suivre pas à pas le sens Parlant des textes alchimiques, mais celui du sens Cachant avec pour guide la Nature, ce qui rejoint ce que j'ai par ailleurs signalé sur la nécessité de mettre en pratique simultanément la Foi et la Raison, le virtuel et le réel, l'Imagination intuitive et la mise à l'épreuve dans une pratique rigoureuse, condition de transmutation alchimique du savoir en Connaissance.

Ne nombreux rationalistes corsetés dans une pensée scientifiquement raisonneuse et si frivolement moderne, considèrent, du haut de leur ignorance accablante, l’Alchimie comme une vieillerie surannée et archaïque. Ce point de vue n’est possible que par une profonde méconnaissance de cet Art majeur qui repose essentiellement sur les bases des Principes intemporels qui sont à l’origine de la Création, et surtout qui en assurent la pérennité. Croire qu’une chose, un principe, une loi puissent devenir inopérants sous prétexte d’une très grande ancienneté, relève pour le moins d’une vision étriquée de la Divine Création... H2O est la formule scientifique de l’eau, elle l’était semblablement il y a 100 millions d’années, ce qui ne la condamne pas pour autant à l’obsolescence, pour la raison qu’elle possède cette vertu qui est propre aux Principes de l’Éternel Moment Présent et qui est : l’Intemporalité !

L’Alchimie, la science appliquée de l’Hermétisme, a et aura toujours ceci de supérieur à la science matérialiste, c’est qu’elle part des manifestations éphémères et hétérogènes de la Nature, pour remonter aux Principes homogènes et intemporels des lois de la Divine Providence. Ce qui est logique à comprendre dans un environnement uniforme et tridimensionnel, l’est beaucoup moins dans un environnement protéiforme et multidimensionnel. Phénomène que rencontre la physique traditionnelle lorsqu’elle est confrontée à la physique quantique...

L’Alchimie, comme les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, n’a pas besoin de se parer de l’apparence illusoire de la modernité, puisque ce sont ses Principes qui font et défont la «modernité» hier, aujourd’hui et comme elle le fera demain au sein de l’Éternel Moment Présent.


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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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vendredi 6 juin 2008

Travaux Pratiques 9.

Petit sentier de probation.


La Connaissance est le savoir éprouvé. Au fil des articles de l’académie d’Hermès Trismégiste je m’efforce d’ouvrir les livres de la Science Hermétique et de son langage analogique qui est celui qui fait le plus appel aux facultés supérieures. Par mes petits commentaires, j’espère vous donner quelques outils qui en facilitent la pratique et la compréhension. Le meilleur moyen de mesurer vos progrès est encore de mettre vos acquis à l’épreuve par une pratique régulière. Dans ce dessein je vous propose une série de petits travaux pratiques basés sur l’un des textes de la grande tradition hermétique occidentale, le plus connu du plus grand nombre, et pourtant le plus mal compris, je veux parler de la Divine Comédie de Dante Alighieri, traduction de Rivarol.


Je soumets chaque extrait à votre méditation et à votre capacité à en pénétrer les Sens Parlant, Signifiant et Cachant. Libre à vous de nous faire partager par vos commentaires, l’interprétation que vous en faites. Ceux qui feront l’effort de ce partage, seront nécessairement sur le sentier de probation, celui qui consiste à soumettre courageusement ses connaissances à l’épreuve. Ils s’apercevront aussi rapidement qu’en acceptant cet exercice régulier, ils progresseront dans la maîtrise du langage analogique, s’ouvrant par la même de nouvelles perspectives spirituelles.


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L’enfer de Dante : Chant I. Suite 9.

Mais toi, pourquoi veux-tu retourner vers les peines ?
Pourquoi ne pas gravir cette heureuse montagne
qui sert au vrai bonheur de principe et de cause ? »

« Ainsi donc, c'est bien toi, Virgile, cette source
qui nous répand des flots si vastes d'éloquence ?
dis-je alors, en baissant timidement les yeux.

Toi, qui fus l'ornement, le phare des poètes,
aide-moi, pour l'amour et pour la longue étude
que j'ai mis à chercher et à lire ton œuvre !

Car c'est toi, mon seigneur et mon autorité ;
c'est toi qui m'enseignas comment on fait usage
de ce style élevé dont j'ai tiré ma gloire.


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jeudi 5 juin 2008

Livre des préceptes d’or.



Et elle dira (la VOIX du SILENCE) :

Si ton âme sourit en se baignant dans le soleil de ta vie ; si ton âme chante dans sa chrysalide de chair et de matière ; si ton âme pleure en son château d’illusion ; si ton âme se débat pour briser le fil d’argent qui l’attache au Maître Le "Grand Maître" est le terme employé par les Lanous ou chélas (disciples) pour indiquer notre "Soi supérieur". C’est l’équivalent d’Avalôkitéshwara, et le même que l’Adi-Bouddha des occultistes bouddhistes, l’Atman (le Soi supérieur des Brahmines et le Christos des anciens Gnostiques. Sache-le, disciple, c’est de la terre qu’est ton âme.

Lorsque ton âme Âme est employée ici pour Ego humain ou Manas, ce qui dans notre division septénaire est appelé "âme humaine", pour la distinguer des âmes spirituelle et animale en bouton, prête l’oreille au tumulte du monde ; lorsque ton âme répond à la voix rugissante de la grande illusion ; Mahâ Mâyâ, "grande illusion", l’univers objectif.

lorsque effrayée à la vue des chaudes larmes de la douleur, assourdie par les cris de détresse, ton âme se retire comme la timide tortue dans la carapace de l’égoïsme, sache-le disciple, ton âme est un tabernacle indigne de son Dieu silencieux.

Quand, devenant plus forte, ton âme se glisse hors de sa sûre retraite, et s’arrachant à son enveloppe protectrice, déroule son fil argenté et s’élance ; quand, apercevant son image sur les vagues de l’espace, elle murmure :"Cela c’est moi" ; avoue, disciple, que ton âme est prise dans le tissu de l’erreur. Sakkâyaditthi, "l’erreur" de la personnalité

Cette terre, disciple, est la salle de douleur ; ici, le long du sentier des dures épreuves, des pièges sont semés pour saisir ton Ego dans l’illusion appelée "la grande hérésie". Attavâda, l’hérésie de la croyance à l’âme, ou plutôt à la séparation de cette âme, ou soi, d’avec le Soi unique, universel et infini.

Cette terre, ô disciple ignorant, n’est que l’entrée sinistre menant au crépuscule qui précède la vallée de vraie lumière, cette lumière que nul ne peut éteindre, cette lumière qui brûle sans mèche ni aliment.

Il est dit dans la grande Loi : "Avant de devenir le connaisseur du TOUT SOI (Le Tattwajnâni est celui qui connaît ou discerne les principes de la nature ou de l’homme : et l’Atmajnâni est le connaisseur d’Atman ou du Soi universel, unique), tu dois être d’abord le connaisseur de ton SOI". Pour arriver à connaître ce Soi, il faut abandonner le soi au non-soi, l’être au non-être ; alors, tu pourras reposer entre les ailes du Grand-Oiseau. Oui, doux est le repos entre les ailes de ce qui n’est pas né, de ce qui ne meurt pas, mais qui est l’AUM Kâla Hamsa "l’oiseau" ou cygne. Il est dit dans la Nâda-Bindou Oupanishad (Rig Véda) : "La Syllabe A est considérée comme son aile droite, U, l’aile gauche, M, la queue, et l’Ardhamâtra (demi-mètre), comme sa tête.", à travers l’éternité des âges. Éternité signifie, pour les Orientaux, toute autre chose que pour nous et indique généralement les 100 années ou l’âge de Brahmâ, la durée d’un Kalpa, ou une période de 4,320,000,000 d’années.

Monte l’Oiseau de vie, si tu veux savoir D’après le Nâda-Bindou, déjà cité, "un Yogi qui monte le Hamsa (qui médite sur Aum) n’est pas affecté par les influences karmiques ni par les milliards de péchés.

Abandonne ta vie, si tu veux vivre. Abandonne la vie de la personnalité physique si tu veux vivre en Esprit.

Trois salles, ô pèlerin fatigué, aboutissent au terme des labeurs. Trois salles, ô conquérant de Mâra, te mèneront par trois états Les trois états de conscience, qui sont Jâgrat, la veille ; Swapna, le rêve ; et Soushoupti, le profond sommeil. Ces trois conditions yogiques mènent à la quatrième. Au quatrième, L’état Touriya, au-delà de l’état sans rêve ; l’état suprême, celui de haute conscience spirituelle. Et de là dans les sept mondes, Certains mystiques sanscrits placent sept plans d’être, les sept Lokas ou mondes spirituels, dans le corps de Kâla-Hamsan, le cygne hors du temps et de l’espace, qui devient le cygne dans le temps, lorsqu’il devient Brahmâ au lieu de Brahma neutre. Les mondes d’éternel repos.

Si tu veux savoir leurs noms, écoute et souviens-toi.

Le nom de la première salle est IGNORANCE, Avidya.

C’est la salle où tu as vu le jour, où tu vis, et où tu mourras. Le monde phénoménal des sens et de la conscience terrestre, seulement.

Le nom de la seconde est la salle d’APPRENTISSAGE. Là ton âme trouvera les fleurs de la vie, mais sous chaque fleur un serpent enroulé. La région astrale, le monde psychique des perceptions supersensuelles et des visions trompeuses,le monde des médiums. C’est le grand "serpent astral" d’Eliphas Lévi. Aucune fleur cueillie dans ces régions n’a encore jamais été rapportée sur terre sans un serpent enroulé autour de sa tige. C’est le monde de la grande illusion.

Le nom de la troisième salle est SAGESSE ; au-delà s’étendent les eaux sans rivages d’AKSHARA, source intarissable de l’omniscience. La région de la pleine conscience spirituelle au-delà de laquelle il n’y a plus de danger pour celui qui l’a atteinte.

Si tu veux traverser sain et sauf la première salle, ne permets pas à ton esprit de prendre pour le soleil de vie les feux de luxure qui y brûlent.

Si tu veux franchir sans danger la seconde, ne t’arrête pas à respirer le parfum de ses fleurs soporifiques. Si tu veux être libre des chaînes karmiques, ne cherche pas ton Gourou dans ces régions mâyaviques.

Les SAGES ne s’attardent pas dans les bosquets des sens.

Les SAGES ne prennent pas garde aux voix mielleuses de l’illusion.

Celui qui doit te donner naissance L’initié qui conduit le disciple, par la connaissance qui lui est donnée, a sa naissance spirituelle ou seconde, est appelé le Père, Gourou ou Maître. cherche-le dans la salle de sagesse, la salle qui s’étend au-delà, où toutes ombres sont inconnues, et où la lumière de vérité resplendit d’une gloire ineffable.

Ce qui est incréé réside en toi, disciple, comme aussi dans cette salle. Si tu veux y atteindre et fusionner les deux, il faut dépouiller tes sombres vêtements d’illusions. Étouffe la voix de la chair, ne laisse aucune image des sens s’interposer entre cette lumière et la tienne, afin que les deux puissent se fondre en une. Dès que tu auras appris ta propre Ajnâna, Ajnâna est l’ignorance ou la non-sagesse, l’opposé de la connaissance ou Jnana. fuis la salle d’apprentissage. Cette salle est dangereuse dans sa perfide beauté, et n’est utile que pour ta probation. Prends garde lanou, qu’éblouie par un rayonnement illusoire ton âme ne s’attarde et ne se prenne à cette clarté décevante.

Cette clarté rayonne du joyau du grand ensorceleur (Mâra). Mâra dans les régions exotériques est un démon, un asoura : mais en philosophie ésotérique, il est la personnification de la tentation par les vices des hommes, et, traduit littéralement, signifie "ce qui tue" l’âme. Il est représenté comme Roi (des mâras), avec une couronne où brille un joyau d’un tel éclat, qu’il aveugle ceux qui le regardent : cet éclat est évidemment une allusion à la fascination exercée par le vice sur certaines natures. Elle séduit les sens, aveugle le mental, et abandonne l’imprudent comme une épave.

La phalène attirée vers la flamme étincelante de ta lampe nocturne est condamnée à périr dans l’huile visqueuse. L’âme imprudente qui manque l’occasion de saisir à bras-le-corps le démon moqueur de l’illusion reviendra vers la terre esclave de Mâra.

Regarde les légions d’âmes , observe comme elles errent au-dessus de la mer orageuse de la vie humaine, et comment, épuisées, sanglantes, les ailes brisées, elles tombent l’une après l’autre dans les vagues enflées. Ballottées par les vents furieux, poursuivies par l’ouragan, elles dérivent dans les remous et disparaissent dans le premier grand tourbillon.

Si, après avoir traversé la salle de sagesse,tu veux atteindre la vallée de béatitude, disciple, ferme bien tes sens à la grande et cruelle hérésie de la séparation qui te sèvre du reste.

Ne laisse pas ton principe céleste, plongé dans l’océan de Mâya, se détacher de la Mère universelle " L’Ame", mais laisse le pouvoir enflammé se retirer dans la chambre intime, la chambre du coeur La chambre intérieure du coeur, appelée en Sanscrit Brahma-poura. "Le pouvoir enflammé" est Koundalinî. et le séjour de la Mère du monde. "Pouvoir" et "Mère du monde" sont des noms donnés à Koundalinî, l’un des pouvoirs mystiques des Yogis. C’est Bouddhi considéré comme principe actif au lieu de passif (tandis qu’il est généralement passif, quand on ne le considère que comme le véhicule ou l’écrin de l’Esprit suprême, Atma). C’est une force électro-spirituelle, un pouvoir créateur qui une fois éveillé à l’activité peut tuer aussi bien que créer.

Alors, du coeur, ce pouvoir s’élèvera dans la sixième région, la région moyenne, l’endroit entre tes yeux, où il devient le souffle de l’Ame-Une, la voix qui remplit tout, la voix de ton Maître.

C’est seulement alors que tu pourras devenir un promeneur du ciel, Kechara, qui se promène ou va au ciel. Ainsi que l’explique le 6ième Adhyâva de ce roi des traités mystiques, le Jnâneshwari, - le corps du Yogi devient comme formé du vent; comme "un nuage d’où les membres auraient poussé". Après quoi " il (Le Yogi) aperçoit les choses qui sont au-delà des mers et des étoiles : il entend le langage des Dévas et le comprend, et perçoit ce qui se passe dans l’esprit de la fourmi", qui marche sur les vents au-dessus des vagues, sans que ses pas touchent les eaux.

Avant de poser le pied sur le degré supérieur de l’échelle des sons mystiques, tu devras entendre de sept manières la voix de ton Dieu intérieur. Le Soi supérieur

Le premier son est comme la douce voix du rossignol chantant à sa compagne un chant d’adieu.

Le second arrive comme le bruit d’une cymbale d’argent des Dhyânis éveillant les étoiles scintillantes.

Le suivant ressemble à la plainte mélodieuse d’un lutin de l’océan emprisonné dans son coquillage.

Il est suivi du chant de la vina. La vina est un instrument hindou à cordes ressemblant à un luth.

Le cinquième siffle dans ton oreille comme le son d’une flûte de bambou.

Puis il se change en un éclat de trompette.

Le dernier vibre comme le grondement sourd d’une nuée d’orage.

Le septième engloutit tous les autres sons ; ils meurent, et on ne les entendra plus.

Quand les six Les six principes : c’est-à-dire quand la personnalité inférieure est détruite et que l’individualité intérieure est plongée et perdue dans le septième principe ou Esprit, sont tués et déposés aux pieds du Maître, alors l’élève est plongé dans l’Un , Le disciple est un avec Brahma ou l’Atma devient cet Un, et il y vit.

Avant d’entrer dans ce sentier, tu dois détruire ton corps lunaire, La forme astrale produite par le principe kamique, le kama-roupa ou corps du désir. nettoyer ton corps mental, Mânasa-roupa. Le premier, se rapporte au soi astral ou personnel : le second à l’individualité ou L’Ego qui se réincarne, et dont la conscience sur notre plan, ou Manas inférieur, doit être paralysée. et purifier ton coeur.

Les eaux pures de la vie éternelle, claires et cristallines, ne peuvent se mêler aux torrents boueux des tempêtes de la mousson.

La goutte de rosée céleste qui brille aux premiers rayons du matin dans le sein du lotus, devient un morceau d’argile lorsqu’elle tombe à terre : voilà la perle changée en fange.

Lutte avec tes pensées impures avant qu’elles te dominent. Agis avec elles comme elles le feraient avec toi ; si tu les ménages, qu’elles prennent racine et poussent, sache-le bien, ces pensées te terrasseront et te tueront. Prends garde, disciple, ne souffre même pas que leur ombre t’approche ; car, croissant en grandeur et en force, cette chose de ténèbres, absorbera ton être avant que tu aies bien pu te rendre compte de la sombre présence du monstre impur.

Avant que le pouvoir mystique Koundalini soit appelé le pouvoir serpentin ou annulaire à cause de son travail ou progrès en spirale dans le corps du Yogi qui développe ce pouvoir en lui-même. C’est un pouvoir électrique, igné, occulte ou fohatique, la grande force primitive cachée sous toute matière organique et inorganique, puisse faire de toi un dieu, lanou, tu dois avoir acquis la faculté de tuer à volonté ta forme lunaire.

Le soi de matière et le Soi de l’esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L"un doit disparaître, car il n’y a pas place pour deux.

Avant que l’esprit de ton âme puisse comprendre, le bourgeon de la personnalité doit être écrasé, et le ver des sens détruit sans résurrection possible.

Tu ne pourras parcourir le Sentier avant d’être devenu ce Sentier même. Il est parlé de ce Sentier dans toutes les oeuvres mystiques. Comme dit Krishna dans le Jnâneshwari : "quand ce sentier est aperçu, que l’on se dirige vers la floraison de l’orient ou les chambres de l’ouest, sans mouvement, ô porteur de l’arc, est le voyage sur cette route. Dans ce sentier, quelque part qu’on veuille aller, cet endroit, devient vous-même". "Tu es le sentier".

Laisse ton âme prêter l’oreille à tout cri de douleur, comme le lotus met son coeur à nu pour boire le soleil matinal.

Ne permets pas à l’ardent soleil de sécher une seule larme de souffrance, avant que tu n’aies toi-même essuyé les yeux affligés.

Mais laisse toute larme humaine tomber brûlante sur ton coeur et y rester, et ne l’en efface jamais avant que soit disparue la douleur qui l’a causée.

Homme au coeur plein de compassion, ces larmes sont les ruisseaux qui arrosent les champs de l’immortelle charité. C’est dans ce terrain-là que croît la fleur de minuit de Bouddha, L’Adeptat, la "floraison de Bodhisattva", plus difficile à trouver, plus rare à contempler que la fleur de l’arbre Vogay. C’est la semence de la libération des renaissances. Elle isole l’Arhat de la lutte et de la convoitise, et le mène, à travers les champs de l’être, vers la paix et la béatitude connues seulement au pays du silence et du non-être.

Si vous avez studieusement suivi la progression des articles précédents de l'académie d'Hermès Trismégiste, la lecture de cet extrait de la VOIX du SILENCE, sera d'une parfaite limpidité et un rapide résumé de ce qui a déjà été traité, il est donc inutile d'en faire le commentaire, mais si vous avez quelque chose à y ajouter, n'hésitez pas...

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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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