mercredi 11 juin 2008

Chronique intermédiaire 14

La Perfectibilité.


La perfectibilité est comme le phénomène de résonance, une fonction et non une puissance qui elle, possède son énergie propre. La perfectibilité résulte d'une part de notre état d'imperfection, et d'autre part, de notre capacité à en sortir par étapes successives, dans le dessein de nous diriger vers cet horizon sans fin qu'est la Perfection de l'immuable Vérité Absolue.

Certaines natures pessimistes, pourraient se dire : puisque l'horizon de la Perfection est éternellement hors de portée, à quoi bon se lancer dans cette quête sans espoir?...

Certes, la Perfection absolue n'est pas et ne sera jamais à notre portée, mais ce serait oublier qu'il existe une infinité de perfections relatives, comme il existe une même infinité de vérités relatives, mais avant d'aller trop vite en besogne, revenons sur cette fonction et les effets qu'elle implique.


Si la perfectibilité n'existait pas, nous serions éternellement condamnés à n'être que ce que nous sommes, sans jamais la moindre espérance d'en sortir. Il est vrai que l'extrême lenteur d'évolution de certaines âmes-de-vie, pourrait donner cette fâcheuse impression, mais ici ce n'est pas la perfectibilité qui est en cause, uniquement l'indolence et la paresse de ces âmes-de-vie. Si la perfectibilité n'existait pas, il n'existerait pas davantage de possibilités de régression ; pas d'évolution, pas d'involution, pas de transmutation de l'énergie vitale, pas d'Alchimie Divine. Là encore, on pourrait fort bien me rétorquer que rien n'empêche qu'il puisse exister une fonction de régression qui condamnerait la moindre création de partir de son plus haut pour n'être, au bout d'un temps plus ou moins long, plus rien dans son plus bas. Mais cette fonction unique de régression devrait avoir un caractère universel, et cette universalité viendrait se heurter à une réalité objectivement constatable et qui est celle d'un univers en expansion... En effet, pour que cet univers soit en expansion constante, même si c'est pour un temps relativement limité (par exemple celle de la vie de Brahma qui est de : 311.040.000.000.000 d'années), il faut nécessairement que le plus simple, la soupe de particules élémentaires des origines, se complexifie sans cesse pour que cet univers s'organise au travers de structures de plus en plus sophistiquées, tout comme la cellule-mère d'un être humain doit impérativement évoluée (se perfectionner) pour aboutir à la forme qui correspond au schéma de son patrimoine génétique. Il ressort de ce qui précède que la régression seule ne peut exister, ni d'ailleurs la stagnation qui viendrait elle aussi buter sur l'expansion de l'univers et de toutes les déclinaisons de ce qui est en haut, venant obligatoirement se répercuter en bas.

La perfectibilité est donc une fonction et un principe universel. Elle implique sa contrepartie qui est la régression, et comme ce qui caractérise la vie est le mouvement, - mouvement qui se retrouve à tous les échelons de la création -, il découle de ceci que la stagnation n'est qu'une illusion issue de l'ignorance, mais ne saurait être une réalité tangible ou intangible. Dans un univers en perpétuel mouvement, rien ne peut être considéré comme immobile, en dehors de la Vérité immuable Absolue qui se trouve, pour cette raison même d'immobilité, ne pas pouvoir appartenir à la création, mais à la non création. La stagnation sera simplement la perception trompeuse qu'aura un observateur qui s'éloignerait plus rapidement d'une chose observée ayant une mobilité plus faible, ou parcourant un trajet en sens inverse. Il ne reste donc bien que deux alternatives à notre mobilité, soit la perfectibilité, soit la régression. La perfectibilité pour l'organisme physique de la sphère temporelle, se fait selon une courbe ascendante vers un pic de croissance, et comme il s'agit de la sphère temporelle qui veut que ce qui a eu un début, doit aussi avoir une fin, lorsque ce pic de croissance est atteint (son état de perfection relative spécifique), commence alors la lente régression qui sera en même temps une érosion de ses capacités et de ses facultés. Mais nous avons précédemment vu dans les différents articles de l'académie d'Hermès Trismégiste, que la forme ne peut exister qu'à la condition qu'une pensée (esprit) l'anime, et que cette pensée n'ait en vérité qu'un vêtement correspondant à la taille de son état de développement. L'esprit qui peut, par décret Divin, prétendre à l'immortalité, ne devient pas immortel à un moment donné (ce qui constituerait un début, impliquant une fin incompatible avec l'infini), mais qu'il l'est de toute éternité. Il ne peut donc pas y avoir pour lui un pic de développement qui enclencherait un processus de régression, comme c'est le cas pour l'enveloppe de la sphère organique temporelle. Ici nous sommes de nouveau confrontés aux différents modes de perception qui séparent l'Éternel Moment Présent de la sphère temporelle. La notion de temps ne se perçoit pas de la même manière en mode temporel ou en mode intemporel, comme je l'ai déjà évoqué dans les précédents sujets ; tout comme la perfectibilité ne se conçoit pas de la même manière dans ces deux états. La perfectibilité d'un organisme dans la sphère temporelle sera suivie de son recyclage au travers des mécanismes de régressions et décompositions, alors que dans l'Éternel Moment Présent il n'est pas possible de rendre mortel ce qui ne l'est pas dans son principe essentiel. La perfectibilité sera donc la possibilité qui sera offerte à l'âme-de-vie de parvenir au pic de développement qu'il sera possible d'atteindre dans une forme donnée, et ce n'est qu'après avoir atteint ce pic de perfection relative, que pourra s'effectuer le changement de forme pour une forme plus évoluée. La régression pour cette âme-de-vie consistera à rester dans une forme, à l'état de développement atteint, tant qu'elle ne sera pas parvenue à atteindre la perfection spécifique à cette forme. Il est probable que cette régression s'étage selon divers degrés à l'intérieur même d'une forme. Pour exemple, prenons l'être humain naissant pauvre dans un pays riche, et qui n'est pas capable, durant son incarnation, de se hisser au niveau moyen de la richesse du pays de naissance (richesse qui s'entend sur le plan matériel, mais aussi et surtout sur le plan spirituel), pourra fort bien se trouver dans l'obligation de se réincarner dans la même situation de pauvreté et dans ce pays ; mais s'il a fait preuve de paresse, d'indolence et de vice, il pourra fort bien renaître encore plus pauvre, mais cette fois dans un pays très pauvre, pour épurer les lourdes accumulations venues polluer son patrimoine karmique.

Si, sur le plan de la matière, un simple atome d'hydrogène (parmi tant d'autres) peut indéfiniment se réincarner au travers d'une multitude de possibilités de formes et d'états, pour parvenir à être un Soleil, combien il doit en être de même pour cet atome qu'est l'âme-de-vie. Ceci est possible grâce à cette fonction de perfectibilité qui est la caractéristique essentielle de ce mouvement perpétuel qu'est la Vie. L'Oeuvre de la Divine Création est un mouvement continu en expansion permanente ; toutes les formes de cette Création sont soumises à ces deux principes de mouvement et d'expansion, et il n'y a pas d'expansion sans perfectibilité constante, comme je l'ai dit ci-dessus.

Sans vouloir entrer dans des détails infiniment complexes, qui résultent des applications de cette fonction, je me limiterai sommairement à la perfectibilité de l'être humain. De sa naissance à sa mort, il passe par différentes formes de développements organiques, qui sont aussi différents états de Conscience, enfin pour les jeunes années, ces états se caractérisent surtout par de l'inconscience. Lorsqu'il atteint le pic de son développement organique (sa perfection physique relative), commence alors l'inéluctable déclin de ce physique, qui entraînera avec lui celui de la Conscience (inconscience) qui ne sera pas parvenue à se libérer de la camisole de cette enveloppe charnelle à laquelle il est resté identifié. Lorsque commence le déclin physique, la Conscience doit être parvenue à atteindre un état de perfection lui permettant de s'affranchir des chaînes avec lesquelles son geôlier corporel, le terrible ego, espère la maintenir en servitude afin de pouvoir l'entraîner dans sa chute. Ceci rejoint le dernier article de la Table d'Émeraude, qui intime comme obligation à l'initié de la Science Hermétique, d'être capable, durant son incarnation, de monter au "ciel", c'est-à-dire de s'affranchir des imperfections de la "terre", ce qui ne s'obtient qu'en parvenant à un haut niveau de perfectibilité spirituelle que procurent la Connaissance et la sagesse. Ainsi, lorsque le corps physique entre en état de régression, la perfectibilité sera le seul salut de l'âme-de-vie.

Cette perfectibilité est une fonction supérieure de l'ordre de la Divine Providence, et comme telle elle ne s'impose jamais, mais se conquiert par adhésion volontaire. Nous avons précédemment vu, que le vice est ce qui occupe la place tant que la vertu ne se manifeste pas. Les maires du palais, usurpent facilement le trône d'un roi fainéant. L'activation de la perfectibilité fera donc appel à la volonté et aux pratiques des vertus. Lorsque sera correctement compris cette fonction essentielle, son application subtile dans le domaine de la Haute Magie se révélera à ceux qui l'intégreront dans leur bagage spirituel. Si je peux me permettre de soulever très brièvement le voile de cette Haute Magie, sur cette noble fonction, qu'il me soit permis d'attirer l'attention du lecteur sur la crédibilité et la confiance qui croissent avec la perfection. Si, sur le plan terrestre l'importance de ce capital de crédibilité et de confiance, permet d'accéder à des niveaux de richesse proportionnels à son développement, en vertu de la sentence de la Table d'Émeraude ( ce qui est en haut est comme ce qui est bas), l'accroissement des richesses spirituelles (possibilités qui se traduiront dans les applications de la Haute Magie) seront proportionnelles au capital de confiance et de crédibilité que les Puissances supérieures accorderont à cette âme-de-vie responsable activant volontairement et sans cesse sa perfectibilité.

Nous avons vu que la roue des réincarnations, admirable lame du livre de Thoth connue sous le nom de Roue de Fortune, symbolisait la nature des cycles de perfectionnement. Sortir d'un cycle , implique que nous soyons parvenus à la perfection de celui-ci qui comprend toujours une plongée vers le nadir avant de pouvoir en effectuer la remontée vers le zénith. Ici nous retrouvons la trame de la chute du péché originel qui veut que l'Adam de la forme glorieuse dans le jardin de l'Éden des béatitudes inconscientes, fasse l'expérience de la perfectibilité qui le fera sortir de cette béatitude inconsciente, pour parvenir à l'extase de la supraconscience, après avoir traversé le jardin du "Bien" et du "Mal". L'acceptation du processus de perfectibilité est donc la voie de sa rédemption ; rédemption qui passe inévitablement par un repentir sincère, et donc Conscient. C'est aussi celle de l'ensemble de la progéniture d'Adam et Eve, dont nous faisons partie par filiation directe, comme le stipulent les Tables de la Loi du Sépher de Moïse.

Indication qui me paraît d'une certaine utilité : si la perfectibilité est en corrélation avec le mouvement, sa pratique est donc elle aussi un mouvement qui se doit d'être constant sous peine de régression. Ceci pour dire, pour les touristes de l'élévation spirituelle, qu'il n'y a pas un instant plus ou moins long à consacrer à la pratique de la perfectibilité, mais que la perfection d'un état ne s'obtient qu'à la condition que cette pratique soit constante... Faire bien son ouvrage un jour de temps en temps, ne permettra jamais de parvenir à la perfection de l'oeuvre. Et si la noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant, comme le dit si justement Grillot de Givry, le temps qu'il faut pour atteindre la perfection d'une incarnation est : toute une vie sans qu'il en manque une seule seconde !

La perfectibilité se fait à l'intérieur de cycles, qui doivent, lorsque leur développement est régulier et harmonieux, former une spirale ascensionnelle. Atteindre la plus haute tonalité vibratoire dans une forme, permet de se hisser à la plus basse tonalité vibratoire de la forme supérieure, et ainsi de suite. Car n'oublions pas que chaque incarnation se fait sur la base de la plus haute tonalité vibratoire obtenue lors de la précédente. La Justice Divine étant parfaite, elle exclut nécessairement passe-droits et privilèges. A chacun selon son mérite, selon le niveau de perfectibilité atteint.


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Si vous croyez avoir compris cet article sans avoir lu les précédents, alors c'est que je me suis mal exprimé...
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1 commentaire:

OseKa a dit…

Nous pourrions dire que l'humain est une bête qui a oublié que l'esprit est la source.

Dans le mot spirituel, il y a "spire" qui signifie "tourner".

La spiritualité n'est-elle pas le meilleur moyen pour échapper à l'attraction de la matière ?

Mais il importe avant tout de faire preuve de discernement et de bien choisir son camp... de distinguer "la réelle lumière" de son porteur... et leurs attributs respectifs...